La parole des femmes victimes d'harcèlement ou d'agression sexuelle, se libère de plus en plus depuis que l'affaire Harvey Weinstein a été rendue publique. En France, les #Balancetonporc et #MeToo leur permettent de s'unir d'une même voix pour dénoncer ces attaques sexistes et misogynes qu'elles subissent au quotidien. Un mouvement solidaire et influent, qui comme beaucoup de vagues de rébellion sociétale, risquerait malheureusement de retomber aussi vite qu'il s'est envolé.
L'auteure américaine féministe Liz Plank a évoqué cette possibilité, contant sa propre expérience et appelant à une réorientation du débat sur Facebook.
"J'ai été harcelée sexuellement, tripotée, attaquée physiquement et verbalement. Mais qu'en est-il de l'agresseur ?, s'indigne-t-elle. Qui a décidé que c'était le travail des femmes de réparer (les erreurs, ndlr) des hommes? Pourquoi le fardeau incombe-t-il toujours aux femmes? J'ai fini. J'ai fini de prétendre que l'agression sexuelle est un problème de femme. Votre honte ne doit pas être la nôtre. Non monsieur".
En quelques lignes, Liz Plank soulève un point essentiel, réorientant ainsi le débat vers la responsabilité des hommes. Pourquoi se focaliser uniquement sur les témoignages de femmes abusées quand le réel dysfonctionnement vient de certains hommes misogynes ou désaxés ? Comment pourrait-on opérer un changement des mentalités impactant si les hommes ne reconnaissent pas, à leur tour, leur responsabilité dans ce problème de société dont ils sont eux-mêmes les auteurs ? Quel intérêt y aurait-il à ce que les femmes brisent le silence, si les agresseurs, eux, restent silencieux. Changer les comportements requiert l'engagement de chacun : les femmes pour dénoncer ces comportements, et les agresseurs pour reconnaître leur responsabilité.
Les #HimThough et #IDidThat ont donc commencé à émerger sur Twitter, donnant une nouvelle tournure au débat : les femmes invitent désormais leurs bourreaux à parler. Le comédien et écrivain Devang Pathak est l'un des seuls à avoir assumé publiquement le fait d'avoir déjà tenté d'user de son pouvoir pour profiter d'une amie vulnérable. "Je ne me dispense pas de mes actions et de mes pensées, mais notre culture alimente ce genre d'abus de pouvoir implicites, explique-t-il dans un tweet. Les séries et les films disent aux hommes de 's'en prendre' aux femmes vulnérables, ivres ou fragiles. C'est subtil mais pas inoffensif. C'est dégoûtant et je ne laisserai plus jamais ces impulsions me gagner".
Pour autant, force est de constater que les auteurs de harcèlement ou d'agression sexuelle assument encore difficilement leur geste. Peu d'entre eux ont suivi l'exemple de Devang Pathak et assumer leur inconduite. "Combien de femmes devront dire #Metoo (moi aussi, ndlr) avant que les hommes ne parlent ?", s'est impatientée Liz Plank sur Twitter.
Il ne fait pourtant aucun doute qu'ensemble, femmes et hommes, peuvent réussir à faire évoluer les mentalités. Le tout est d'oser. Alors messieurs, on vous attend !