Alors que la parole des femmes agressées sexuellement se libère grâce au #Balancetonporc, inspiré de l'affaire Harvey Weinstein, une réalisatrice a mis en lumière dans un court métrage, les sept principales formes d'agressions que subissent les femmes au quotidien. Lauréat du concours No Gynophobie, organisé par l'association Ensemble contre la Gynophobie, ce film réalisé par Floriane Colas, aborde la violence conjugale, le harcèlement de rue, le revenge porn (le fait de diffuser des photos ou vidéos sexy d'une personne) ou encore, le slut-shaming (le fait de juger une femme par rapport à sa tenue vestimentaire ou à sa sexualité).
Floriane Colas reprend des codes du quotidien tel que l'utilisation de Snapchat et Instagram ou la télé-réalité "pour que les spectateurs se reconnaissent dans la scène et qu'ils soient directement face au sujet pour qu'ils s'interrogent sur la gêne ressentie", explique-t-elle dans une interview accordée à ChEEk Magazine.
La réalisatrice de 24 ans va jusqu'à donner l'impression au public d'assister à un viol via une webcam. "J'ai voulu faire réfléchir sur la banalisation de certaines violences faites aux femmes, celles qu'on juge moins grave que d'autres, celles que l'on a intériorisées". En témoigne l'accroche du film : "Immersion dans la réalité de 7 filles d'aujourd'hui. Si vous trouvez qu'il n'y a rien de spécial, vous faites partie du problème".
Floriane Colas met également en avant le fait que certaines de ces violences sont perpétrées par d'autres femmes. "Quand j'étais adolescente je n'y allais pas de main morte pour critiquer les autres filles. C'était une espèce de mélange entre le jugement, la jalousie et l'envie de plaire aux garçons". Puis en se forgeant "une éducation féministe", la jeune femme finit par admettre "qu'en tapant sur les autres filles, (elle) met des barrières à toutes les femmes" et à elle y compris. "Être féministe c'est être pour l'égalité et prendre en compte la réflexion de femmes qui représentent des minorités".
La gynophobie, terme qui "regroupe l'ensemble des violences faites aux femmes, qu'elles soient physiques ou verbales, de l'excision au harcèlement de rue en passant par la différence de salaire ou encore le mariage forcé", a été associée au concours pour réclamer une nouvelle législation juridique. "Le machisme n'est pas puni par la loi et n'est pas considéré comme aussi grave que d'autres discriminations comme le racisme ou l'homophobie, explique la réalisatrice. En utilisant le mot "gynophobie", Lisa Azuelos (à l'initiative de ce concours, ndlr) veut créer un mouvement pour réellement condamner et juger les violences faites aux femmes comme un délit grave".