Pour écrire Rétro-Cool (éd. Flammarion), Katell Pouliquen et Nathalie Dolivo (l'une rédactrice en chef du Elle, l'autre grand reporter tendances et société pour le même magazine) sont parties d'un constat alarmant : la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde après le pétrole. Notre besoin viscéral de toujours consommer plus et plus vite contribue donc à détruire la planète à petit feu. Et il est grand temps de changer notre comportement.
Elles ont associé des interventions de personnalités qui prônent le vintage comme mode de vie à des faits inquiétants sur la fast-fashion pour livrer un ouvrage saisissant à lire - et suivre - absolument. De cet essai, on tire 4 raisons majeures pour lesquelles se lancer dans ce mouvement qui "dessine une manière joyeuse et hédoniste de s'engager".
A travers l'ouvrage, Katell Pouliquen et Nathalie Dolivo expliquent clairement comment cette surproduction et cette surconsommation nuisent gravement à l'environnement. "Forte consommation d'eau, usage de pigments et de traitements chimiques nocifs, polyester fatal...", Rétro-Cool met le doigt sur cette industrie qui coûte cher à la planète.
Et surtout comment recycler réellement (ce qui n'implique pas produire à nouveau du tissu à partir d'un ancien, mais bien réutiliser quelque chose déjà produit sans le transformer) grâce au vintage constitue un acte nécessaire pour le bien de l'écologie.
"J'ai toujours trouvé que le vintage donnait une allure singulière", confie aux autrices de Rétro-Cool, la créatrice Vanessa Seward. "Je ne veux pas ressembler à tout le monde", ajoute la mannequin Caroline de Maigret. S'habiller de fringues de seconde main signifie refuser de porter les mêmes tenues que celles et ceux qui font les magasins de fast-fashion - ou mode rapide.
On y trouve la veste en daim qui vient tout droit des années 70 que tout le monde aura seulement tenté de recopier, la blouse colorée qui fera de notre tenue basique un chef d'oeuvre, la robe qui ne payait pas de mine sur son portant mais qui est en réalité une pièce signée Yves Saint Laurent. Un atout style qui évite de se retrouver avec le même manteau camel que 70 % de ses collègues.
Quand Nayla Ajaltouni, coordinatrice de Ethique sur l'Étiquette, un collectif qui lutte pour de meilleures conditions de travail des ouvrier·es du textile dans le monde, scande à la radio qu'"un t-shirt à 4 €, ça n'existe pas", elle veut éveiller les consciences sur la dure réalité derrière ce montant.
Car qui dit prix attractifs dit souvent coûts de production minimes, donc matériaux créés dans des conditions à l'opposé de l'éthique et surtout, salarié·es payé·es une misère. "La fast fashion est donc fondamentalement anti-écologique et anti-sociale : c'est un système prédateur qui a des conséquences considérables sur l'environnement, sur la santé, sur les droits humains", ajoute-t-elle. Processus révoltant que l'achat de pièces vintage tend à freiner.
Passer des heures à fouiller parmi les cintres d'une friperie qu'on a l'habitude de côtoyer ou d'une boutique repérée lors d'un séjour à l'étranger, et enfin tomber sur une merveille presque laissée à l'abandon peut procurer une sensation de véritable accomplissement.
Cette chasse au trésor mode a aussi l'avantage de nous faire voyager dans le temps, de remettre des tendances au goût du jour et d'apprécier la qualité d'avant, quand on misait sur l'artisanat et qu'on préférait investir dans une belle pièce plus rarement que de posséder tout de suite des tonnes de vêtements mal conçus.
Rétro-Cool, éd. Flammarion, 229 p.