C'est une tradition chez les stars américaines. Après une grossesse et un accouchement plus ou moins médiatisés dans la presse people, la plupart usent de tous les moyens à leur disposition pour retrouver en un temps record leur poids et silhouette d'avant grossesse. Puis, quelques semaines seulement après la naissance de leur enfant, elles inondent les réseaux sociaux de clichés révélant leur ventre plat et exhibent leur ligne de rêve retrouvée sur tous les tapis rouges de la planète.
En réponse à cette tendance qui oblige les anonymes à perdre de plus en plus rapidement leurs kilos de grossesse, faisant naître en elle un sentiment de culpabilité et dégoût lorsqu'elles ne parviennent pas à retrouver leur silhouette d'origine, un hashtag fait actuellement le buzz sur les réseaux sociaux. En effet, depuis quelques jours, des centaines de mères de familles américaines postent sur Twitter et Instagram des photos de leur corps portant encore les traces de leur accouchement : ventre rond, flasque ou tombant, laissant apparaître des vergetures, une linea nigra (la ligne verticale brune qui apparait sur l'abdomen d'environ 75% des femmes enceintes) ou encore la cicatrice d'une césarienne. Des physiques imparfaits, certes, mais parfaitement naturels.
À travers cette initiative, elles dénoncent non seulement la part grandissante que prend la perfection, même "photoshoppée", dans notre société et souhaitent encourager les femmes à accepter les transformations physiques provoquées par leur grossesse.
"Je ne suis pas parfaite, mais tout va bien"
L'instigatrice du mouvement se nomme January Harshe. Cette mère de famille texane, fondatrice d'une série de conférences baptisée Birth without Fear ("Naissance sans peur", en français), explique avoir été frustrée et agacée par des publicités montrant des ventres de femmes après l'accouchement et vantant les mérites de crèmes anti-vergetures et autres produits censés faire disparaître les kilos superflus. Dans un message posté sur son blog, elle a invité d'autres mères à se joindre à elles afin de se réapproprier leur post-partum. "J'ai dit : les filles, si vous voulez que les choses changent, nous devons agir. Il y a eu un énorme engouement. Les femmes ont répondu : "montrons-leur de quoi il s'agit réellement". J'ai alors pris conscience que chaque femme s'était battue contre elle-même à un moment donné. Chacune différemment. J'essaie de montrer différentes formes de post-partum et de maternité", a encore détaillé cette mère de six enfants, âgés de dix semaines à 11 ans, à today.com .
À 25 ans, Britney Asbell fait partie de ces internautes qui ont osé dévoiler leur ventre post-bébé sur Instagram. Mère d'une petite fille de six mois à peine, elle a longtemps souffert de troubles alimentaires, preuves de sa difficulté à accepter son apparence. "Je ne me suis jamais trouvé jolie. Je n'ai jamais trouvé que mon corps était parfait", a-t-elle confié.
Mais voir les photos d'autres femmes, portant les mêmes stigmates qu'elle a changé son regard sur son corps. "Je continue à suivre le hashtag #TakeBackPostPartum et je me dis : "Whaou, ces femmes sont si courageuses de se montrer de cette façon"", raconte-t-elle. Et si elle admet avoir un temps prié pour retrouver son corps de jeune fille, elle a aujourd'hui complètement changé d'état d'esprit. "Vous savez quoi ? Je me sens bien. Je ne suis pas parfaite, mais tout va bien", assure-t-elle.
À noter que plus qu'un simple hashtag, le mouvement "Take Back Post-partum" possède désormais son propre compte Instagram. Créé par January Harshe, il compte près de 22 000 abonnés et plusieurs centaines de photos.