C’est le premier enseignement de l’étude du Cese : ce chiffre a priori optimiste ne doit pas cacher une réalité bien différente. Une part importante de femmes est à temps partiel ou exerce des emplois peu qualifiés, moins reconnus. D’autres, notamment les épouses d’agriculteurs et d’artisans travaillent sans disposer de statut, et sont donc invisibles. Certaines, enfin, sont des « chômeuses de l’ombre » : elles aimeraient avoir un emploi mais parce qu’elles ont la garde de leurs enfants et qu’elles n’ont pas été en capacité de se rendre disponible après une naissance, ne sont pas comptabilisées.
Les préjugés sur le travail des femmes sont loin d’avoir disparu comme le note l’étude du Cese. Le salaire des femmes est encore souvent perçu comme un salaire d’appoint. « Certes il y a une réalité économique – le salaire des femmes est inférieur de 27% (Dares) à celui des hommes –, mais il y a aussi toujours un regard qui pèse sur les femmes, comme la responsable de l’organisation de la famille, comme celle qui doit être prévenue quand un enfant ne va bien, qui doit être consultée par l’école etc… », note Hélène Fauvel en tant que rapporteur de l'étude. Résultat, avec la crise, quand les postes (peu qualifiés) se font rares, les hommes sont vus comme prioritaires et ce n’est pas sans conséquence. Selon le Cese, les écarts se creuseraient, en effet, entre les femmes qualifiées qui commencent à fissurer le fameux « plafond de verre » et celles qui le sont peu ou pas, de plus en plus menacées par la précarité...
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Pas moins de 40% des mères qui ont arrêté de travailler après une naissance auraient préféré poursuivre leur activité, selon les chiffres de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Et à raison, car faire une pause professionnelle peut coûter cher : selon le Cese, chaque année d'interruption de carrière entraînerait une baisse de salaire moyenne de 10% une fois le travail repris. Un effet qui se fait évidemment ressentir sur le niveau de retraite. « A chaque fois qu’elles se retirent du marché du travail, et plus elles s’interrompent longtemps, plus les femmes ont des difficultés à retrouver un travail. Mais surtout plus le salaire qu’elles acceptent ensuite est bas », explique Hélène Fauvel. A noter : sur le marché du travail, une année d’expérience est évaluée à une hausse de 2% de salaire. Les Français ne semblent pourtant pas en être conscients : 58% d’entre eux estiment – à tort – qu'un arrêt parental d'un an a un impact financier négligeable au bout de dix ans, selon une étude du Crédoc.