En ce moment et jusqu'au 6 avril, on peut assister au Théâtre du Rond-Point aux représentations d'une pièce-événement : "Le Consentement", mis en scène par Sébastien Davis. La trop rare Ludivine Sagnier y prête sa voix à Vanessa Springora, autrice du récit éponyme, relatant comment, à l'âge de 14 ans, elle a été prise entre les griffes de l'écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans. Et surtout : l'omerta, l'entresoi, l'impunité.
Tout cela, quelqu'un le déplore aujourd'hui : Benjamin Biolay, chanteur, acteur, compositeur, auteur. Celui qui a composé des chansons pour Judith Godrèche se sent très concerné par l'actuel mouvement de libération de la parole, et plus encore, l'alerte autour des violences sexuelles faites aux mineurs. Dans les pages du Parisien, l'interprète actuellement à l'affiche du film "Rosalie" s'est donc exprimé sur "l'affaire Matzneff".
Et ses mots font l'effet d'un coup de gueule, amer et lucide. On le lit : "J'ai plein d'amis qui étaient à l'école avec Vanessa Springora. Quand ils voyaient Matzneff devant le collège, ils avaient envie de lui cracher dessus, mais ils ne faisaient rien". Une prise de parole désabusée ? Pas du tout : il poursuit...
C'est un message d'espoir que s'exerce à faire passer le chanteur, pourtant connu pour sa ravageuse mélancolie. On le lit encore : "Mais aujourd'hui, les jeunes, peut-être, pourraient aller choper Matzneff et lui dire : Si tu reviens, je t'en colle une !". Et Biolay de poursuivre : "C'est trop tard pour sauver la génération qui est la mienne, mais ces prises de parole protégeront la génération de ma fille ! Chaque parole est utile"
A découvrir ces mots, on pense spontanément à ceux de Ludivine Sagnier, à propos du Consentement, ce texte fondamental : "C'est un texte qui révolte, qui dégoûte, qui donne envie de tout exploser. En tant que mère de trois filles, je pense que j'étais d'autant plus concernée". L'impact du récit de Vanessa Springora sur les nouvelles générations n'est plus à prouver en vérité. Alors qu'un texte puissant qui s'en révère, Triste Tigre, remporte le Goncourt des Lycéens, l'adaptation au cinéma du Consentement fédère sur TikTok.
Quitte à ce que les écrits de Springora deviennent, contre toute attente, un véritable phénomène sur le réseau social, contribuant à une hausse des entrées. "Pourquoi le film Le Consentement a vu une envolée de ses entrées en salles de +40% ? Entre autres grâce à une trend TikTok où des jeunes se filment avant et après avoir vu le film. Les gens se filment avant et après avoir vu le film, avec le son de la bande-annonce... Et ça fonctionne DE FOU", avait à l'époque décrypté Mélanie Toubeau de la chaîne La manie du cinéma.
Il faut savoir que Vanessa Springora prépare déjà son prochain roman, chez Grasset : "un livre sur les hommes", a détaillé la romancière au "Monde".
On a hâte.