Après sept heures d’audition mardi dans le bureau de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy, l’ex-Première secrétaire du PS, Martine Aubry, a été mise en examen pour homicides et blessures involontaires dans l'une des enquêtes sur le drame de l'amiante. Entendue en qualité d'ancienne directrice des relations du travail (DRT) du ministère du Travail entre avril 1984 et septembre 1987, Martine Aubry a jugé que la justice faisait « fausse route » en s'attaquant « à ceux qui ont protégé les salariés, et non à ceux qui les ont exposés ».
Pour la juge Bertella-Geffroy, il s’agit de définir s’il y a eu ou non une gestion défaillante des pouvoirs publics sur l’amiante à partir des années 1970 et jusqu'à son interdiction en 1997, comme l’affirme un rapport sénatorial de 2005. Car si l'on connaît depuis les années 1950 le caractère cancérigène de l’amiante, qui serait responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et qui pourrait provoquer 100 000 décès d'ici à 2025, le premier décret réglementant son utilisation date de 1977.
Interrogée au micro d’Europe 1 ce mercredi, la maire de Lille a réaffirmé sa position : « Comment aurions-nous pu, entre 1984 et 1987, interdire l'amiante alors qu'aucun pays au monde ne l'avait fait, alors qu'aucune alerte scientifique, aucun expert, aucun syndicat, ne le demandait et alors que la France ne l'a interdit que neuf ans plus tard et l'Europe vingt ans plus tard ? » Et si à la sortie du pôle santé publique du TGI, l’ex-ministre estimait que tout devait être fait « pour que la justice comprenne ce qui s'est passé dans ce drame de l'amiante qui a fait des victimes au niveau mondial », elle entend demander dès ce mercredi l’annulation de sa mise en examen, « tout cela ne peut se terminer qu’ainsi », a-t-elle jugé.
Crédit photo : AFP
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