Depuis les accusations de viol et d'agressions sexuelles contre le producteur américain de cinéma Harvey Weinstein en octobre dernier, le mouvement #MeToo a pris une ampleur inédite et libéré la parole de femmes dans le monde entier.
Parmi elles, l'actrice, réalisatrice et chanteuse italienne Asia Argento, qui avait été l'une des premières à parler, en racontant comment Weinstein l'aurait forcée à lui faire une fellation en 1997 dans une chambre d'hôtel de la Côte d'Azur.
Mais coup de théâtre : l'artiste est à son tour accusée d'agression sexuelle et aurait même tenté d'acheter le silence de sa victime, comme le dévoile une enquête du New York Times publiée ce dimanche 19 août. La victime en question est Jimmy Bennett, un acteur et chanteur américain âgé de 22 ans.
L'agression relatée par Jimmy Bennett aurait eu lieu en 2013 dans une chambre d'hôtel en Californie, comme l'attestent des documents envoyés au New York Times par une source anonyme datant du 9 mai 2013. Une photo montre l'actrice et l'acteur allongés sur le lit.
En Californie, l'âge légal de consentement sexuel est fixé à 18 ans. À l'époque, Jimmy Bennett venait de souffler ses 17e bougies. Asia Argento avait 37 ans. Jimmy Bennett explique qu'il a vécu cette rencontre du 9 mai comme une trahison.
Dans sa déclaration d'intention de poursuite en justice à l'encontre d'Asia Argento, Jimmy Bennett demandait 3,5 millions de dollars (3 millions d'euros) en dommages-intérêts pour avoir infligé intentionnellement de la détresse émotionnelle, une perte de salaire, des voies de fait et des coups et blessure.
"M. Bennett a gagné plus de 2,7 millions de dollars au cours des cinq années précédant la rencontre avec Mme Argento en 2013, mais son revenu a chuté à une moyenne de 60 000 $ par année, ce qu'il attribue au traumatisme qui a suivi la rencontre sexuelle avec Mme Argento", a écrit son avocat Gordon K. Sattro.
Comme l'explique le New York Times, l'acteur aurait finalement reçu une somme s'élevant à 380 000 dollars, (soit 332 000 euros) de la part d'Asia Argento. Les conditions de l'accord, qui incluaient notamment un échéancier des versements bancaires, ont été finalisées en avril dernier, révèle le quotidien new-yorkais.
Contactées à plusieurs reprises par le New York Times via emails et téléphone, Asia Argento et son avocate Carrie Goldberg n'ont pas souhaité s'exprimer sur cette affaire.
Gordon K. Sattro a déclaré que "Jimmy continuera à faire ce qu'il fait depuis des mois et des années, en se concentrant sur sa musique". Le chanteur vit actuellement à Los Angeles.
Cette affaire s'avère d'autant plus regrettable qu'elle constitue une fenêtre de tir pour les détracteurs du mouvement #MeToo. En France, la sphère Twitter est inondée de commentaires visant à discréditer le mouvement : "L'arroseuse arrosée. On ne se méfie jamais assez des marchands de vertu, des donneurs et des donneuses de leçons. Ce sont les pires ennemis de leur cause", écrit par exemple Franz-Olivier Gisesbert, éditorialiste pour le journal Le Point.
N'oublions toutefois pas que les accusations à l'encontre de Harvey Weinstein-point de départ du mouvement de #MeToo- ne concernaient pas qu'une seule femme mais une centaine d'actrices. Comme le rappelle à juste titre Noémie Renard, autrice de l'essai En finir avec la culture du viol : "L'immense majorité des agresseurs sexuels sont des hommes, mais il peut arriver que ce soit des femmes. Soutien à la victime. Cela ne remet pas en question le témoignage d'Asia Argento concernant Weinstein et ça ne doit pas servir à discréditer le mouvement #Me Too".