L'annonce a créé une déflagration, fait l'effet d'un coup de tonnerre. La Cour suprême américaine a décidé de revenir sur l'arrêt emblématique et historique Roe Vs Wade qui reconnaît depuis 1973 le droit à l'avortement aux Etats-Unis. Ainsi, depuis ce vendredi 24 juin bien sombre, chaque Etat est en droit d'interdire ou pas l'IVG. Plusieurs Etats comme le Missouri, l'Oklahoma ou l'Arkansas ont sauté sur l'occasion pour immédiatement inscrire dans la loi de nouveaux textes restreignant l'accès à l'interruption volontaire de grossesse.
Cette restriction des droits des femmes, qui ramène les Etats-Unis à la période des années 70, a laissé le monde entier sonné. Une réalité cauchemardesque qui n'est pas sans rappeler la dystopie de Margaret Atwoord, La servante écarlate (The Handmaid's Tale en VO). Dans ce roman écrit en 1985, dont Hulu a signé une adaptation très réussie en série, les droits reproductifs des femmes sont supprimés dans un État totalitaire, la République de Gilead.
Alors que ce show d'une modernité folle avait été lancé en avril 2017, juste après l'élection de Donald Trump, le costume rouge et blanc des servantes est rapidement devenu un symbole de résistance tandis que l'administration et les Etats conservateurs commençaient à s'attaquer brutalement au droit à l'avortement. Aujourd'hui, la réalité rejoint la fiction et l'un des producteurs exécutifs de The Handmaid's Tale, Warren Littlefield, n'a pas manqué de réagir suite à la décision de la Cour suprême.
"Nous avons dit à plusieurs reprises des dernières années que nous aimerions être moins pertinents, mais malheureusement, la série a été d'une pertinence affolante. Et cela semble aujourd'hui encore plus vrai", a-t-il déclaré à Deadline vendredi soir (24 juin) après la révocation de l'arrête Roe vs Wade.
A propos du symbole de la tenue de servante rouge, devenue symbole de la lutte pour les droits des femmes, le producteur a souligné : "C'est une immense source de fierté de voir des manifestations dans tout le pays - et aussi des manifestations dans le monde entier - où les femmes mettent le costume de la Servante, la robe et le bonnet, et nous le voyons devenir un symbole de la lutte pour la liberté des femmes et droits. Mais aujourd'hui, je ressens une énorme tristesse, colère et frustration face à ce qu'est devenue l'Amérique et de ce que cela dit", a-t-il commenté.
"Au cours des dernières années, nous avons vu partout sur la planète la montée de l'extrême droite. Malheureusement, avec la montée de ce mouvement, la restriction continue au niveau des droits et de la liberté des femmes."
Alors que le tournage des deux derniers épisodes de la saison 5 de The Handmaid's Tale est en train de s'achever (elle sera diffusée dès le 14 septembre 2022- sur OCS en France), une saison 6 pourrait-elle être envisagée, faisant écho à cette actualité dramatique ?
"Je pense que depuis le premier jour, nous voulions avoir un récit puissant, avec June (héroïne de la série jouée par Elisabeth Moss- Ndlr) partant au combat et nous, en tant que public, unis à June, et June nous donnant de l'espoir. Elle n'a pas abandonné et nous ne pouvons pas abandonner. Je pense que c'est un message fort. Malgré tout ce à quoi June est confrontée à Gilead, il y a une lueur d'espoir dans son combat et son déterminisme. Je pense que c'est précieux et important, nous sommes toujours pertinents. Et si les scénaristes estiment qu'il y a plus à dire, c'est ce que nous allons faire."
La porte reste donc ouverte pour de nouveaux épisodes qui seraient une caisse de résonnance percutante à cette réalité qui a malheureusement rattrapé la fiction.