La décision de la Cour suprême des Etats-Unis de révoquer le droit à l'avortement démontre l'étendue des répressions anti-IVG aux Etats-Unis. Répressions qui perdurent depuis bien des années déjà d'un Etat à l'autre, au fil de législations alarmantes. Un signe parmi d'autres de l'héritage de la présidence trumpienne.
Un héritage qui n'en finit pas de se déployer depuis un mois. Ainsi la Caroline du Sud désire-t-elle aujourd'hui concrétiser une proposition de loi des plus inquiétantes : cette mesure, dite "loi S. 1373", rendrait illégale toute diffusion d'informations à propos de l'IVG. Ce qui impliquerait notamment une censure desdites infos sur le web. Mais aussi, une interdiction des services téléphoniques proposant les données en question.
Une idée quasiment dystopique, et ce alors que, comme l'a confié à Terrafemina la spécialiste des mouvements féministes aux Etats-Unis Hélène Quanquin, "l'interdiction de l'IVG est susceptible de mettre en danger la vie de nombreuses femmes dans un pays où le taux de mortalité maternelle est déjà très élevé, notamment chez les femmes noires : elle aura des effets dévastateurs de la santé des femmes".
Comme le rapporte cette enquête du Washington Post, il deviendrait dès lors illégal "d'héberger un site Web ou de fournir un service Internet contenant des informations raisonnablement susceptibles d'être utilisées pour un avortement et destinées aux femmes enceintes de l'État". Selon le WaPo toujours, cette proposition de loi, qui puise son inspiration des idées du groupe anti-avortement National Right to Life Committee, en annoncerait d'autres, imminentes, au sein de la Caroline du Sud.
"Des propositions de loi comme celle-ci ne seront pas des cas uniques. Les propositions se répandront comme une traînée de poudre dans les États qui se sont montrés hostiles à l'avortement", décrypte du côté du journal la directrice du Center for Biotechnology and Global Health Policy de l'Université de Californie Michele Goodwin, qui juge la loi tout à fait contraire à la Constitution. La loi S. 1373 pose également l'enjeu très actuel du rapport entre technologies et lois fédérales dans le cadre de la protection des droits des femmes.
Pour rappel, les citoyennes américaines sont à ce titre de plus en plus nombreuses à désinstaller leur application de suivi des règles afin que leurs données ne soient pas exploitées par les autorités dans le cadre de poursuites. Bien des voix incitent présentement des entreprises puissantes comme Apple et Google à réagir à cette situation alarmante pour la santé et la liberté d'informer.