Selon la médecine ayurvédique, la maladie n'est rien d'autre qu'un mouvement du corps et de l'esprit pour chercher un meilleur équilibre. Les symptômes sont des signaux d'alarme qui indiquent que la maladie va s'installer. Or, elle ne s'installe que sur un terrain affaibli. Ainsi, il est primordial de fortifier son terrain avec une alimentation appropriée. Si la nourriture est équilibrée, adaptée aux saisons et à sa constitution, la maladie sera bien plus facilement tenue à distance. Voilà de quelle façon l'ayurveda utilise l'alimentation comme médecine. Mais comment cela fonctionne-t-il ? Quels sont les principes à respecter ? Amélie Clergue Vaurès, praticienne en ayurveda du réseau Médoucine nous explique les fondamentaux.
L'ayurveda est la médecine traditionnelle indienne, elle enseigne comment restaurer et maintenir l'équilibre entre le corps, l'esprit, les sens, et la conscience. Elle va traiter et supprimer les causes de la maladie et s'appuie sur l'alimentation pour obtenir ce résultat. Le travail se fera directement sur la personne en utilisant ses énergies pour rééquilibrer les dysfonctionnements physiques et empêcher que la maladie ne s'enracine profondément. C'est une médecine holistique, reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui traite chaque individu comme étant un être unique et tient compte de facteurs tels que l'environnement, le milieu de travail et les changements climatiques.
Selon cette approche, chaque individu a sa propre constitution ayurvédique qui est un mélange subtil de ce que l'on appelle les doshas. On distingue ainsi trois doshas différents :
- Vata, qui permet que les fluides et les aliments se rendent aux cellules et qui gouverne les mouvements de l'intestin.
- Pitta, qui sert à libérer les aliments et est responsable du feu digestif qui est notre capacité à digérer.
- Kapha, qui forme les cellules et se charge de la lubrification.
Selon l'ayurveda, c'est l'équilibre des trois qui nous permet de jouir d'une bonne santé. Il peut parfois arriver que l'on ressente une sensation d'inconfort sans qu'aucune maladie ne soit détectée et pourtant cet inconfort est bien présent. Cela signifie que l'équilibre des doshas a été rompu, on va donc s'attacher à rétablir l'équilibre. L'ayurveda est une médecine préventive où l'on traite le déséquilibre avant même qu'il en soit au stade de la maladie.
Le rééquilibrage alimentaire est le premier réflexe de la médecine ayurvédique. Le but est de pouvoir garder ce nouveau mode d'alimentation sur le long terme. C'est pourquoi on alliera plaisir, gourmandise et bien-être en apprenant quels sont les bons aliments pour sa constitution. Chaque épice ou aliment est utilisé pour ses vertus thérapeutiques et/ou purificatrices. Ainsi, on s'appliquera d'abord à ne pas troubler les énergies et l'équilibre. Chaque "dosha" est associé à des saveurs spécifiques et c'est en choisissant les aliments correspondants que l'on pourra rétablir l'équilibre.
La constitution Kapha nécessite de l'amer, de l'astringent et du piquant. La constitution Vataa nécessite du doux, du salé et de l'acide. Enfin, Pitta nécessite du doux, de l'amer et de l'astringent.
- Le doux : On le trouvera dans le miel, dans certains fruits, mais aussi dans tous les féculents.
- L'acide : On le trouvera dans certains agrumes, le vinaigre, la tomate, les épinards, l'ail, les concombres...
- L'astringent : Il se trouvera dans les légumes verts, la mangue verte, les bananes vertes, le curcuma, l'ail, la grenade, le vin rouge...
- L'amer : On le trouvera dans la valériane, la moutarde, le curcuma, le café, la chicorée, la bière, la salade et l'ail.
- Le piquant : On le trouvera dans tout ce qui est pimenté comme le poivre, le piment de Cayenne, l'oignon...
- Le salé : On le trouvera dans les fruits de mer, naturellement riches en sel.
Selon sa constitution ayurvédique, ses besoins, et la période, on jouera donc avec les différentes saveurs pour trouver le bon équilibre.
En ayurveda, chaque épice a des propriétés préventives et curatives. Par exemple, le curcuma a de puissantes propriétés antiseptiques. Il permettra de nettoyer la peau, tuer les germes, purifier le sang, aider à la digestion et protéger le foie. On le consommera avec des corps gras et son action sera amplifiée par association avec le poivre noir. Le gingembre, qu'il soit frais, en poudre, ou en jus, est un fort stimulant énergétique, associé au miel, il va aider à combattre le rhume et l'angine.
L'hiver, on utilisera les épices pour ajuster le feu digestif. Les Vata auront tendance à en manquer, car ils ont une constitution à prédominance froide. Utiliser des épices piquantes va donc remonter le feu digestif et aider à la digestion et l'assimilation des aliments. Pour un Pitta, on utilisera plutôt des épices douces et calmantes pour ne pas aggraver le feu et brûler les aliments durant la digestion.
L'été, on va favoriser le riz et les légumes pour refroidir l'organisme. Pour neutraliser l'effet refroidissant en fonction des typologies, on va ajouter des épices chauffantes durant la cuisson comme le piment Cayenne, les clous de girofle, le curcuma, le safran.
Le premier effet du légume est aussi de refroidir, car il contient beaucoup de fibres et demande beaucoup d'énergie et donc de feu digestif. Si nécessaire, il faudra les équilibrer avec des épices chauffantes et séchantes pour les rendre faciles à digérer.
En somme, l'ayurveda utilise l'alimentation à titre préventif et curatif en utilisant de subtiles associations pour renforcer le terrain de chacun. En consultation, on pourra donc travailler à une nouvelle hygiène alimentaire personnalisée en fonction non seulement de sa constitution, mais aussi de ses besoins. L'alimentation devra bien entendu être complétée par un bon sommeil, une bonne élimination des déchets, une transpiration appropriée durant l'exercice et si possible un nettoyage en profondeur à chaque changement de saison comme une monodiète, une cure détox ou encore un jeune. En fonction de sa constitution et en fonction du moment de vie et de son état de santé (maladie, grossesse, vieillesse...), on n'aura bien sûr pas les mêmes besoins et donc la même alimentation, il est donc important d'être bien accompagné pour faire les bons choix.
Par Amélie Clergue Vaurès, thérapeute certifiée et validée du réseau Medoucine.