Les débats ne sont pas consommés dans le vaste chantier de la révision des lois bioéthiques. Demain, le texte modifié par le Sénat passera en deuxième lecture à l’Assemblée nationale. Le 8 avril dernier, les Sénateurs avaient ajouté, contre l’avis du gouvernement, l’autorisation de la recherche encadrée sur l’embryon et les cellules-souches embryonnaires, ce qui avait déclenché de vives réactions : le ministre de la Santé Xavier Bertrand avait alors promis que la question reviendrait sur le tapis.
A la suite de nombreux prêtres catholiques, l’Archevêque de Paris, Monseigneur André Vingt-Trois, dénonce de son côté un risque de « recul pour la civilisation » si ce texte était maintenu. Il souligne le paradoxe d’une telle mesure, qui permettrait la destruction des embryons humains dans le cadre de la recherche et l’instrumentalisation du corps humain, « au moment même où la Commission européenne travaille à la protection des embryons des animaux. » Il s’est également inquiété de la généralisation du diagnostic prénatal, notamment pour les cas de trisomie 21 : « La systématisation juridique du diagnostic prénatal nous conduirait inévitablement à un eugénisme d’Etat. Quel message adresserions-nous ainsi aux personnes handicapées que nous affirmons vouloir respecter et intégrer dans la société ? »
Autre sujet sensible pour la discussion de demain : l’ouverture de l’Assistance médicale à la procréation (AMP) aux couples homosexuels, jusque là réservée selon les textes aux couples hétérosexuels et pour raisons médicales. Un amendement que le groupe socialiste au Sénat avait réussi à faire passer le 8 avril et qui a été supprimé par la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la bioéthique. Mais le groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche (SRC) a déposé un nouvel amendement pour que cette question soit discutée en séance plénière. Une manifestation à l’appel d’associations lesbiennes, gays est organisée aujourd’hui à 18h30 devant l’Assemblée nationale. L’Inter LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) rappelle que l’interdiction pour les couples de lesbiennes de se faire inséminer en France oblige chaque année de nombreuses femmes à subir ces interventions dans d’autres pays, et notamment en Belgique. Nos voisins ont même appelé la France à modifier sa législation pour faire baisser le nombre de Bébés Thalys.
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