À Fremont, en Californie, on peut loger dans une chambre qui met à notre disposition du savon et du dentifrice gratuit, des serviettes de toilette et même une salle commune avec écran plat HD. Et non, il ne s'agit pas d'un hôtel de standing de la ville, mais du centre de détention de la police de Fremont. Construit il y a onze ans pour 10,6 millions de dollars, cette prison haut-de-gamme ne fait pas dans la demi-mesure, et propose à ses détenus des « services » généralement compris dans le prix d'un hôtel trois étoiles. Le lieutenant Mark Devine, qui supervise le programme, explique, dans des propos rapportés par le Huffington Post : « Comme dans un hôtel, il y a du savon, des serviettes et même du dentifrice gratuit, tout sauf la liberté de sortir et d'aller faire un tour. Ici, les détenus ont […] surtout un minimum de compagnons de cellule. »
Ceux-ci devront toutefois payer le prix fort pour bénéficier de tout ce confort et ainsi échapper aux autres prisons du comté d'Alameda, bien mois sophistiquées. Une nuit dans le centre de détention coûte la modique somme de 155 dollars (116 euros), à laquelle il faut rajouter une taxe de séjour facturée 45 dollars (33 euros).
Et si les places dans le centre de Fremont sont chères, c'est qu'elles sont comptées. Seules 58 places sont réservées à des détenus qui doivent avoir le portefeuille bien rempli, et, au contraire, un casier judiciaire pas trop chargé. Ultra-sélective, la prison refuse systématiquement l'admission de toute personne liée à un gang ou condamnée pour un crime sexuel. Les détenus ayant des problèmes de santé n'auront pas non plus droit de cité dans le centre de détention car celui-ci ne possède pas de centre médical.
Toutefois, rappelle Mark Devine, si la prison est tout confort, pas question de dorloter les prisonniers. Fremont reste un centre de détention comme les autres et aucun prisonnier ne bénéficie de traitement de faveur durant le temps où il y purge sa peine : « Vous avez la télévision par câble, mais vous n'aurez pas un cookie tout chaud posé sur le lit », prévient-il.
Peu de chances toutefois, que les détenus s'attardent trop à Fremont, le centre de détention étant réservé aux prisonniers coupables de délits mineurs qui ne nécessitent pas plus de dix jours d'emprisonnement. Reste que pour certaines associations, comme l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), le centre de détention de Fremont est une « prison pour riches » symptomatique du système carcéral américain qui stigmatise les plus pauvres. « Il ne devrait pas y avoir un type de peine pour ceux qui peuvent payer, et un autre pour ceux qui ne le peuvent pas », dénonce Carl Takei, responsable de l'ACLU.
Reste que si ce système carcéral privé rapporte 244 000 dollars par an et par centre pour 16 prisonniers sous les verrous, les détenus ne se bousculent pas au portillon. À Fremont, seuls 12 lits sur 58 sont occupés.
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