Le Festival de Cannes est plutôt agréable à regarder. Tout le monde est sur son 31, tout le monde a l'air heureux, tout le monde est beau. Les commentaires sur les tenues du tapis rouge vont bon train, particulièrement depuis notre clic-clac convertible parisien, loin du soleil salvateur de la riviera. On idéalise souvent l'événement, puisqu'on en voit que les paillettes.
On se prend même parfois à rêver d'une soirée sur la plage du Martinez, alors qu'on sait pertinemment que si on y était, on rentrerait dormir après deux cocktails et la projection d'un long-métrage estonien de 3 heures.
Heureusement, Romane Bohringer nous a remis les idées en place en nous rappelant qu'à Cannes comme ailleurs, les femmes doivent se plier au vieil adage : "Sois belle et tais-toi". Sur Instagram, l'actrice française, bientôt à l'affiche de la série Ils étaient dix et membre du jury de l'Oeil d'Or, qui récompense les meilleurs documentaires, a publié un cliché de ses pieds lacérés par ses chaussures.
En légende : "Le problème à Cannes, c'est les talons". Rien qu'à regarder la photo, on a envie de lui envoyer des Compeed. Parmi les commentaires, d'autres actrices approuvent, comme Emilie Dequenne qui écrit un "C'est ça. Tellement.", qui parle de lui-même.
Sur les marches du palais ou des photocalls aussi, d'autres personnalités ont montré au fil des années qu'elles ne supportaient plus leurs souliers, à l'image de Kristen Stewart qui avait enlevé ses escarpins devant les photographes en 2018.
Alors bien sûr, si l'anecdote semble d'abord amusante, elle traduit toutefois un problème sociétal plus persistant : les tenues des femmes ne sont pas faites pour leur confort mais pour l'esthétisme, puisque la beauté est ce par quoi on les définit. Et souvent, elles doivent subir les conséquences douloureuses des diktats imposés par la mode.
En 2015 par exemple, les femmes ne portant pas de talons étaient interdites de tapis rouge. Les hommes n'ont quant à eux jamais eu affaire à aucune obligation vestimentaire qui engendrerait une douleur physique, si tant est qu'il savait nouer leur cravate correctement. L'application sexiste au XXIe siècle du dicton populaire "Il faut souffrir pour être belle".