Après l'Happy Hour, qui consiste à attirer des clients dans les bars avec des tarifs réduits entre la fin de la journée et le début de soirée, voici le "Bloody Hour". Concept original et atypique, mis en place dans le "Anna Loulou Bar" de Tel Aviv, en Israël, et qui permet aux femmes qui ont leurs règles de bénéficier d'une réduction de 25% "sur tout le bar, pour toute la nuit les lundis, mardis, mercredis et samedis".
Pas besoin de "preuve" : le "Bloody Hour" est basé sur la confiance et vise à "sensibiliser" les hommes à propos d'un sujet "qui embarrasse beaucoup", expliquent au journal Haaretz , Moran Barir et Dana Etgar, toutes deux à l'origine de cette initiative. "L'idée, c'est d'accorder une réduction et de l'attention à quelqu'un. C'est de dire : 'on te reconnaît, on a conscience de la situation particulière que tu vis actuellement, et on veut te faire une faveur'", expliquent-elles.
Sur la page Facebook de l'établissement, les influenceuses affirment qu'une femme "passe 25% de sa vie" en moyenne à avoir ses menstruations. A ce titre, elles "méritent une réduction de 25%". Selon elles, "ce n'est pas seulement une question de filles" et les hommes doivent prendre conscience que ce qu'endurent les femmes.
Cette initiative visant à démystifier le sujet des règles n'est pas la seule à avoir fait couler de l'encre ces dernières semaines. Mi-octobre, Bodyform, une filiale du groupe Nana, s'était affranchi des codes de la publicité en diffusant un spot dans lequel le sang était représenté par du liquide rouge (et non bleu).
Ce film, mettant en scène une femme sous sa douche, un filet de sang s'écoulant le long de sa cuisse, affichait le slogan "Le sang, c'est normal". "Contrairement à ce que tout le monde croit, les femmes ne saignent pas en bleu mais en rouge. Les règles, c'est une chose normale. Les montrer devrait l'être tout autant. Partagez si vous êtes d'accord", avait indiqué Bodyform sur son compte Facebook.
Une nouvelle façon de briser le tabou qui entoure l'un des phénomènes les plus naturels du corps humain, motif de honte et de mise à l'écart dans beaucoup de pays. Car si ce sujet trouve place au coeur de nombreux débats, c'est qu'il touche à des questions de santé publique, d'éducation et de discrimination.
Pour Elise Thiébaut, auteur de Ceci est mon sang (éd. La Découverte), avoir ses règles est "le signe qu'on est devenu une femme", mais dont paradoxalement, "on devrait avoir honte". Dans une interview accordée à 20 Minutes, la journaliste et féministe explique que "les règles ont été un prétexte pour écarter les femmes de la place publique, soi-disant parce que le cycle affectait leur jugement. Et certaines femmes acceptent cette honte, cette incapacité. L'infériorité a été intériorisée, ce qui explique la persistance des inégalités entre hommes et femmes".
Aux JO de Rio, en 2016, la nageuse chinoise Fu Yuanhui avait désarmé la presse en justifiant sa contre-performance au relais 4 x 100 mètres par le fait qu'elle avait ses règles. Comme cette sportive, de nombreuses artistes se sont affichées sur les réseaux sociaux avec une tâche de sang au niveau de l'entrejambe pour protester contre ces préjugés.
Parmi elles, la photographe américaine Jade Beall, l'instagrammeuse adepte de yoga Steph Gongora ou encore la poétesse canadienne Rupi Kaur qui avait posté une photo d'elle couchée de dos, le jogging ensanglanté. Courageuses, désarmantes, ces femmes n'hésitent pas à briser les codes de "bonne conduite" de la société pour nous dire simplement que les règles sont naturelles.