C'est un phénomène surprenant et surtout méconnu, qui commence à se développer au Royaume-Uni. Alors qu'elles n'ont jamais eu de relations sexuelles, certaines jeunes femmes se rendraient à l'hôpital pour avoir recours à une fécondation in vitro. C'est en tout cas ce que rapporte le Daily Mail cette semaine, témoignages d'experts à l'appui.
Ainsi, selon de nombreux spécialistes anglais, de plus en plus de jeunes femmes se diraient prêtes à concevoir sans avoir à passer par la case "sexe". Pour l'équivalent de 5000 livres (environ 6700 euros), elles auraient accès au traitement hormonal adapté et se feraient ensuite inséminer grâce au sperme d'un donneur anonyme. Aujourd'hui, 4 établissements britanniques de taille auraient déjà dû faire face à ce type de patiente. Et selon Maha Ragunath, directrice de la clinique de Nottingham, cette pratique ne serait pas près de s'arrêter :
"Le nombre de femmes célibataires qui souhaitent avoir un enfant a doublé lors de cette dernière décennie. Elles représentent aujourd'hui 10% de la totalité de mes patients. (...) Un petit pourcentage d'entre elles n'ont jamais connu une relation amoureuse voire sexuelle. Elles sont très heureuses de pouvoir faire ça seules et ne se préoccupent pas des conséquences que cela pourrait avoir sur leur enfant dans le futur".
Ces trois dernières années, la responsable n'aurait eu à faire qu'à trois cas de ce type. Pas de quoi s'affoler et pourtant, il n'en fallait pas plus pour créer la polémique.
Josephine Quintavalle, fondatrice du mouvement Comment on Reproductive Ethics s'offusque dans les colonnes du Daily Mail :
"Que sont ces enfants pour ces femmes, des ours en peluche qu'elles auraient choisi en rayon ? Le message que la nature nous envoie, c'est qu'il faut un homme et une femme pour concevoir un enfant. Je suis effondrée de constater que nous sommes en train de déformer cela. Diminuer ainsi le rôle essentiel du père n'est pas souhaitable pour un enfant".
Même son de cloche du côté des religieux : "Tout démontre que le cadre idéal pour élever un enfant, c'est une mère et un père mariés", affirme le révérend James Newcome.
"Quand vous excluez l'homme de la conception, la femme ne devient rien d'autre qu'une machine nourricière (sic). Dans ce genre de cas, la femme refuse à son enfant le droit d'avoir un père", déclare l'imam Suhaib Hasan.
Si aucune de ces femmes n'a souhaité témoigner dans les médias, certains praticiens sont beaucoup plus mesurés lorsqu'il s'agit d'évoquer ces grossesses insolites.
Il faut dire que cela ne concernerait que 25 femmes en tout depuis 5 ans, c'est dire si la situation est encore sous contrôle.
Pour Laura Witjens, PDG du National Gamete Donation Trust (organisme national pour l'aide à la conception), il n'y aurait pas de quoi s'inquiéter tant que l'éthique est au rendez-vous : "Ces femmes ont le droit de choisir dans quelle voie elles veulent s'engager. Mais le corps médical a la responsabilité de s'assurer de leurs motivations."
D'ailleurs, chaque cas est différent, selon Tracey Sainsbury, conseillère en fertilité au sein de la London Women's Clinic :
"Certaines n'ont jamais eu de relations, d'autres si, mais n'ont pas eu de rapports sexuels. Il y a aussi des lesbiennes célibataires et des femmes qui ont recours à cette intervention pour des raisons physiologiques ou médicales, parce qu'elles sont dans l'impossibilité d'avoir des relations physiques."
Dans quelques cas, Tracey reconnaît que ce désir de grossesse est surtout motivé par le fait qu'elles n'aient pas encore trouvé l'homme idéal : " Certaines pensent que les rapports sexuels sont réservés à des relations spéciales. Si elles n'ont pas le sentiment d'avoir mis la main sur le bon partenaire, elles se disent pourtant prêtes à avoir un bébé. Personnellement, je n'ai jamais rencontré de femmes qui n'avaient pas réfléchi en amont aux conséquences qu'une telle conception pourrait avoir sur elles ou sur leurs enfants. Il n'y a aucun doute quant à leur désir d'être parent."
Les avis et les expertises divergent donc au sujet de cet épiphénomène, même si tous les spécialistes s'accordent au moins sur un point, comme l'explique le docteur Gedis Grudzinskas :
"Il est essentiel que les médecins s'assurent des conditions dans lesquelles l'enfant évoluera par la suite. Ce n'est pas parce qu'elles sont disposées à payer, que cela signifie qu'on leur accorde ce droit automatiquement."