L'identité ne s'arrête pas à la couleur de peau. Stacey Tyrell en est la preuve vivante. Cette artiste canadienne a décidé de faire de ses origines un sujet de réflexion, à travers une série de photos dans laquelle la jeune femme se met en scène en changeant sa propre couleur de peau (noire).
Dans ce projet baptisé "Backra Bluid" , la photographe exploite les limites floues de l'identité raciale grâce à des portraits dans lesquels elle pose en tant que femme blanche. Des mises en scène choisies qui rendent, pour la plupart, hommage aux ancêtres de l'artiste.
"De chaque côté de ma famille, il y a des Ecossais, des Anglais, des Irlandais", explique-t-elle. "En tant qu'adulte, quand j'ai dû mentionner cet aspect de mon héritage, j'ai souvent été confrontée à des regards gênés de personnes blanches ou des hochements de tête de personnes noires".
La jeune femme explique alors sa démarche : "En changeant simplement la couleur de ma peau et apportant quelques petites modifications à mon visage, je veux montrer à quel point on a tous tendance, au quotidien, à ne pas aller plus loin que la couleur de peau quand on rencontre quelqu'un".
Ces portraits "sont une façon d'interpréter et explorer ces parents du passé et du présent" poursuit Stacey Tyrell pour qui "penser le monde en noir et blanc laisse peu de place au constat réel selon lequel la majorité des gens venant de sociétés post-coloniales sont en général des 'hybrides' des générations passées et présentes".
Pour la Canadienne, non seulement la différence noir ou blanc simplifie à l'excès l'identité de chacun, mais elle crée aussi des catégories qui n'ont aucun sens, dans la mesure où elles occultent totalement l'histoire ethnique et culturelle de chacun.