Après tout, Zara n'en est plus à une polémique près. Après avoir retiré de la vente en 2014 un tee-shirt jugé antisémite car brodé d'une étoile jaune, avoir été accusée de copier illégalement les créations de jeunes artistes et réalisé la désastreuse campagne "Love Your Curves" avec des mannequins taille 34, la marque de prêt-à-porter espagnole vient une nouvelle fois de se faire épingler.
L'objet du courroux des internautes est cette fois-ci une jupe en jean issue de la nouvelle collection printemps-été de la marque ornée de quatre têtes de grenouilles à lunettes de soleil. Problème : il ne s'agit pas de la représentation de n'importe quelle grenouille, mais de celle de Pepe the Frog, un même devenu le symbole de l'alt-right aux États-Unis et de la fachosphère en France.
Pourtant, à son apparition sur Internet, cette grenouille souriante n'avait aucun rapport avec les milieux néonazis et suprémacistes. Créé en 2005 par l'illustrateur Matt Furie dans son album Boy's Club, Pepe the Frog a progressivement été repris sur des forums comme 4Chan par les internautes/ C'est en 2015, lors des primaires américaines, que la connotation raciste de Pepe the Frog est devenue systématique : les pro-Trump l'ont notamment utilisé pour discréditer ses adversaires politiques. Ont alors fleuri sur la Toile diverses représentations de la grenouille affublée de croix gammées, d'uniformes ou de chiffres associés aux nazis. En France aussi, les milieux d'extrême droite sont fans de Pepe the Frog, qui utilisent régulièrement son image dans des messages islamophobes et anti-migrants. En septembre 2016, la grenouille a même été intégrée à la liste des symboles racistes et haineux par l'ONG américaine Anti-Defamation League (ADL).
Selon MashableFr, c'est la journaliste de Refinery29 Meagan Fredette qui a la première repéré le symbole raciste sur la mini-jupe Zara :
"Zara est-elle vraiment en train de vendre une jupe P*pe the frog, visiblement sans connaître (?) sa symbolique..."
D'autres internautes lui ont emboîté le pas et manifesté leur étonnement, voire leur colère, de retrouver sur une pièce de prêt-à-porter un personnage clairement associé à l'extrême-droite américaine.
"Pourquoi Zara fait des vêtements néonazis ?"
"J'en ai lu beaucoup trop sur Zara. Ils ont déjà fait des sacs à main avec des croix gammées et des pyjamas qui ressemblent à des uniformes de camps de concentration."
Face à l'ampleur prise par la polémique, le groupe espagnol Inditex, propriétaire de Zara, a dans un premier temps refusé de répondre aux accusations de racisme, avant d'adresser au Guardian un communiqué dans lequel il affirme que sa jupe "Bonhommes" n'a "aucun lien" avec le symbole de haine raciale qu'est devenu Pepe the Frog et avec l'alt-right. "La jupe fait partie de la collection limité Oil-On-Denom qui a été créée grâce à des collaborations avec des artistes et n'est disponible que sur certains marchés", s'est défendu le porte-parole du groupe espagnol.
"Le concepteur de la jupe est Mario de Santiago, connu en ligne sous le nom de Yimeisgreat. Mario explore les interactions sociales dans son travail et, selon ses propres mots : 'L'idée m'est venue d'une peinture murale que j'ai dessinée avec des amis il y a quatre ans'."
Il est tout de même étonnant que Zara n'ait jamais pris conscience, au moment de commercialiser cette mini-jupe que ses dessins ressemblaient étrangement à Pepe the Frog. Quoi qu'il en soit, Zara a fini par obtempérer : la jupe incriminée n'est désormais plus disponible sur le shop américain, ni sur le français.