Qui surpassera Greta Gerwig ?
Grand nom du ciné indé américain (notamment pour son excellent Lady Bird) la cinéaste ne s'attendait pas forcément, en acceptant (et co-scénarisant) le projet de Mattel, à délivrer le film plus rentable de 2023. C'est pourtant ce qu'est Barbie, comédie féministe très satirique où brille Margot Robbie (honteusement ignorée des Oscars).
Avec ses 1,38 milliard de dollars au box office US, ce film où poupées et patriarcat s'entremêlent fut un véritable phénomène culturel qui a fait parler les féministes et les machos, les conservateurs et les progressistes. Oui mais voilà, Barbie fut également une étoile filante. Car 2023 ne restera pas dans les annales comme l'année la plus féministe qui soit dans le monde du cinéma. Cela, c'est un très sérieux rapport de l’initiative Annenberg Inclusion partagé par The Hollywood Reporter et le magazine Première qui le démontre !
Moult chiffres à l'appui. C'est solide : ce rapport sur l'inclusion et la représentation égalitaire des genres s'appuie sur les 100 films les plus populaires de 2023, en décortiquant plus précisément pas moins de 75 358 rôles. Et en tire la triste conclusion : seuls 30% des gros succès de 2023 proposaient des persos féminins en rôles principaux.
On décrypte.
30 %, c'est peu.
Si peu d'ailleurs, observe le magazine de Première, que cette visibilité n'aurait jamais été aussi basse depuis le taux de présence de personnages féminins à l'écran dans les 100 films les plus notables... De 2010. Et pourtant, la révolution #MeToo est passée par là ! Et cette visibilité décline sévèrement quand on s'attaque à des thématiques comme l'âgisme, l'inclusion des stars racisées... Par exemple, dans ce top 100, seuls quatorze films érigent en tête d'affiche des actrices de couleur.
Pour expliquer cette réalité, on peut se replonger dans les anciens rapports tout aussi chiffrés de Annenberg Inclusion.
Lesquels nous apprennent par exemple que les femmes n'occupaient un poste de réalisatrice, directrice de la photographie, scénariste ou productrice que sur un tiers sur 500 films de l'année 2019. Plus encore, douze des 113 réalisateurs des 100 meilleurs films de ladite année étaient des femmes. Voilà le grand vide : plus d'égalité des genres au sein des plus grands postes ! Réalisation, production...
Dans le documentaire dont elle est la productrice et narratrice, Tout peut changer, état des lieux du sexisme à Hollywood, la grande Geena Davis - éternelle Louise - insistait sur l'importance de chiffrer toutes ces inégalités de représentation. Davis est l'instigatrice du Geena Davis Institute Of Gender in Media, un organisme de recherche dédié aux enjeux de représentation des femmes dans le secteur du divertissement. Un programme dont elle défend l'intention...
"Pour améliorer les choses, Je travaille sur la représentation des femmes à l'écran. L'objectif est d'atteindre la parité hommes-femmes sur les écrans, particulièrement dans les programmes regardés par les enfants. Ils doivent voir des personnages féminins accomplir des choses importantes. Nous voulons que le cinéma soit le reflet du vrai monde", clame-t-elle.
En 2019 (il n'y a pas si longtemps), 15% des réalisateurs à la barre des productions des grands studios hollywoodiens étaient des réalisatrices. Cinq ans plus tard, les choses changent un peu mais e n'est pas raiment plus reluisant. Et cela se ressent à l'écran. Seulement 11% des films du top 100 présentent autant de personnages féminins que masculins, observe Première, déplorant également que seuls trois personnages féminins principaux des 100 films analysés par le rapport ont plus de 45 ans.
Trois sur 75 358 rôles étudiés !