Elle s'appelle Lilia Patricia Cardozo : retenez bien son nom. Le 10 avril dernier, cette citoyenne colombienne a été attaquée à l'acide alors qu'elle se promenait dans un parc de Boyaca, au nord-ouest du pays. Une agression chimique particulièrement violente qui semble tout autant personnelle que politique : car Lilia Patricia Cardozo est la directrice d'une ONG de défense des droits des femmes...
A la tête de la Plataforma Feminista Boyacense, Lilia Patricia Cardozo est donc une militante féministe, notamment engagée contre les violences conjugales et les discriminations genrées. Cette agression n'est pas anodine puisque, comme le rapporte CNN, l'activiste fait depuis un an déjà l'objet de menaces de mort.
Menaces qui ont même nécessité le déploiement d'un protocole de sécurité par l'Unité nationale de protection de Colombie. Protocole qui n'a malheureusement pas suffit pour la protéger...
A l'heure actuelle, Lilia Patricia Cardozo est toujours sous observation médicale. La partie gauche de son visage a été affectée par ces jets d'acide, mais aussi une partie de sa poitrine. 4% de son corps aurait été meurtri par cette agression. Elle se trouve actuellement sur un lit de l'hôpital universitaire de San Rafael de Tunja.
L'agression écoeurante de cette citoyenne et féministe colombienne scandalise les associations et activistes. Mais elle se fait également le reflet d'un état des lieux national accablant : en 2022, rappelle encore CNN, ce sont pas moins de 614 cas de féminicide qui ont été signalés, selon le bureau du procureur général de Colombie.
Or, c'est précisément ce mot qui résonne dans le cadre de l'enquête aujourd'hui ouverte afin de retrouver l'agresseur, encore inconnu, de Lilia Patricia Cardozo : accusation de féminicide. Des mots limpides qui résument bien la situation : s'attaquer à une femme car elle est une femme. En l'occurrence, une féministe.
Lutter pour ses droits n'est pas sans risque en Colombie. D'autant plus que cela prend du temps, beaucoup du temps. La preuve ? Il fallu attendre 2022 pour que Cour constitutionnelle colombienne dépénalise (enfin !) l'avortement, désormais légal jusqu'à six mois de grossesse. Une décision historique, mais qui ne facilite pas pour autant un autre grand combat : la mobilisation contre les violences faites aux femmes.