« Allez. Ne soyez pas triste sans moi. Et plus important, ne soyez pas résignés. Le crapaud ne tombera pas tout seul du pipeline ». Alexeï Navalny lance un dernier tweet à ses partisans, mais n’a pas encore dit son dernier mot. Son procès très médiatisé qui s’est ouvert ce jeudi a fait réagir des milliers de personnes dans le monde. Mais La justice russe fait la sourde oreille et passe à la vitesse supérieure, en condamnant l’avocat et bloggeur russe à 5 ans de prison. Alexeï Navalny est accusé d’avoir détourné 16 millions de roubles au détriment d’une exploitation forestière. L’entrepreneur Piotr Ofitserov, son co-accusé, purge quant à lui une peine de 4 ans d’emprisonnement.
Vérité ou tentative d’exclure du jeu politique le principal opposant à Vladimir Poutine aux prochaines élections présidentielles ? Le juge n’a en tout cas pas bronché et a mis en exergue la « gravité du crime ». « Sa culpabilité est entièrement prouvée. Aucune preuve ne confirme les affirmations de Navalny selon lesquelles il est poursuivi pour des raisons politiques », a déclaré le juge balayant d’un revers de la main toute suspicion sur quelconque procès politique.
Mais hors de question pour la police de laisser faire. Elle encercle la Place Manezhnaya, en empêche l’accès aux protestataires et n’exclut pas de mater les manifestants. « Toute tentative de rassemblement non autorisé sera contrecarré en accord avec la loi », a-t-elle fait savoir aux sympathisants de l’opposant. Mais ces derniers ne veulent rien lâcher et promettent de poursuivre les manifestations toute la soirée.
Le 16 novembre 2009, la mort de l’avocat fiscaliste Sergueï Magnitski, dans circonstances encore obscures, avait suscité une vague de contestations. Sergueï Magnitski avait accusé de hauts responsables du gouvernement russe d’être à l’origine d’un détournement de 176,5 millions d’euros. Une révélation qui lui avait valu l’emprisonnement. Son décès en 2009 ne change pourtant pas son destin judiciaire en Russie. Le justice reste campée sur sa position et le condamne, à titre posthume, à 4 ans de prison.
En 2011, 4 militants écologistes ont également été emprisonnés pour s’être opposés à l’appropriation de terrains forestiers publics au bord de la Mer Noire. Un des militants avait lancé une grève de la faim pour dénoncer une « farce judiciaire».
Le souvenir le plus amer reste sans doute celui d’Alexandre Litvinenko, ex-lieutenant-colonel du FSB, service de contre-espionnage russe, tué à Londres le 23 novembre 2006 par du polonium 210, une substance radioactive. Avant sa mort, Alexandre Litvinenko avait fait une révélation choc, affirmant que les autorités russes étaient derrière les attentats qui avaient servi de prétexte à lancer la deuxième guerre de Tchétchénie. Un attentat qui, selon lui, avait servi à élire Vladimir Poutine en 2000. Alexandre Litvinenko accuse en personne le président Poutine d’avoir voulu commandité son meurtre. Après sa mort, les autorités russes nient en bloc toute implication, arguant n’avoir rien à voir avec cette affaire.