3,6 millions. Ce chiffre colossal désigne le nombre de tonnes d'émission de CO2 estimées par la Fédération internationale de football association (FIFA) pendant la très controversée Coupe du monde de football au Qatar, qui débute le 20 novembre prochain.
Alors que la tenue d'une telle compétition représente un véritable désastre écologique, un nouveau chiffre vient noircir encore davantage le tableau : l'empreinte carbone du Mondial aurait été sous-évaluée. Greenly, société spécialisée dans l'évaluation de l'empreinte carbone des grands événements, révèle ainsi qu'au lieu des 3,6 millions de tonnes d'émission de CO2 annoncées, l'organisation de la Coupe du monde en rejetterait en réalité quasiment le double, soit 6 millions de tonnes d'émissions de dioxyde de carbone.
Greenly a mené sa propre enquête afin d'établir le nombre de tonnes de CO2 rejetées. Alors qu'environ 1,2 millions de supporters sont attendus au Qatar, leur venue en avion représenterait aux alentours de 2,4 millions de tonnes équivalent CO2, selon la société. Sans compter qu'il faudrait ajouter à cela les émissions de 160 "navettes" quotidiennes (l'équivalent d'un avion toutes les dix minutes) mises en places entre le Qatar et ses pays voisins, qui hébergent de nombreux supporters.
De plus, Le Figaro précisait en 2016 que le gazon bien vert qui ornera les stades de cette région désertique a été acheminé des Etats-Unis... en avion.
Greenly assure aussi que les infrastructures constitueraient quant à elles 27% du bilan carbone de l'événement. "La production du ciment est un processus qui émet énormément de CO2", explique ainsi Alexis Normand, directeur de Greenly, comme le rapporte France Inter. Rien qu'en France, "l'industrie cimentière française produirait 2,9 % des émissions de dioxyde de carbone du pays, 6% à l'échelle mondiale" indique Greenly.
Sur les huit stades qui accueilleront les matchs, un seul existait auparavant. Sept bâtiments ont donc été construits en très peu de temps. Sans compter les nouvelles routes, hôtels, parcs d'attractions et centres commerciaux qui ont vu le jour en même temps...
La diffusion des matchs à la télévision représenterait quant à elle 1 à 2 millions de tonnes d'émissions de CO2 (généré par la production électrique nécessaire au fonctionnement des téléviseurs).
Les organisateurs de la Coupe du monde avaient auparavant annoncé que l'événement serait malgré tout "neutre en carbone", compensé grâce à l'achat de crédits carbone. Mais pour l'instant, affirme Greenly, seulement 5% de l'objectif affiché auraient été atteints. Une opération de "greenwashing", selon Alexis Normand, qui aurait pour but de "dédouaner" les organisateurs de leurs responsabilités.