L'ONG Plan International tire la sonnette d'alarme quant à la situation des femmes et enfants à l'heure du Covid 19. A travers une enquête mondiale intitulée "Des vies qui s'arrêtent : les voix des filles et des jeunes femmes sur l'impact de la Covid-19", l'organisation alerte ainsi quant à la situation de "détresse émotionnelle grave" dans laquelle la pandémie plonge filles et jeunes femmes.
Précisément, 88 % des filles interrogées par Plan International, ayant recueilli dans le cadre de ce rapport les voix de 71 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, souffriraient d'anxiété. Des dommages psychologiques qui concernent autant des individualités des États-Unis que de l'Inde, de l'Egypte et de la France comme du Mozambique. En tout, 14 pays ont été pris en compte par l'étude. Constat ? Quelle que soit l'origine de ces filles, la pandémie "bouleverse leur vie entière, à commencer par leur éducation", déplore le texte détaillé.
Effectivement, 50% des filles interrogées s'inquiètent de ne pas pouvoir poursuivre normalement leur scolarité. Et ce dans une situation globale critique, 1/3 des jeunes femmes questionnées se révélant être sans emploi, et leur famille sans le moindre revenu. En somme, c'est un bilan "dramatique", comme l'énonce Plan International.
A cela faut-il encore ajouter le fait que 20 millions de filles supplémentaires en âge de fréquenter l'enseignement secondaire pourraient être tout simplement déscolarisées à la fin de cette crise mondiale. Précarité financière, mais également sanitaire, santé physique menacée, mais également santé mentale mise à mal, discriminations genrées diverses... Voilà l'éventail de dommages que mettent en avant ces "vies qui s'arrêtent".
Signe qui ne trompe pas, 95 % des filles et jeunes femmes interrogées déclarent que la pandémie a eu un impact négatif sur leur vie. Soucis liés à l'apprentissage à distance, à l'accès inégalitaire aux technologies, au manque d'espace pour étudier à la maison, aux difficultés de concentration qui en résultent fatalement, à l'expérience de la solitude induite par le confinement... Bien des éléments expliquent cette négativité. De plus, la majorité des participantes seraient à la fois angoissées par l'absence de leurs ami·e·s, mais aussi à l'idée que des personnes de leur entourage familial "contractent le virus". Et ce dans un contexte où les tensions familiales n'étaient malheureusement pas rares, ne serait-ce que par le risque de la perte d'emploi.
"Ce qui m'inquiète le plus, c'est l'arrivée d'une nouvelle épidémie, comme lorsque le virus s'est déclaré la première fois, qu'il y ait une reprise en raison du manque de sensibilisation au sein de la société. Vient ensuite la peur que nous soyons toutes et tous touché·e·s aux niveaux de la santé, de l'économie et de l'éducation", résume encore Gaby, jeune étudiante de 17 ans, en Equateur.
Une situation qui exige l'action, celle des organisations internationales, des États et des autorités partout dans le monde. Qu'attend-t-on donc de ces Etats ? Qu'ils apportent un soutien financier plus considérable, nouent un dialogue avec les familles, garantissent que lesdites familles bénéficient de revenus suffisants, détaille Plan International, mais aussi qu'ils mettent à disposition un véritable suivi psychologique destiné à ces filles et jeunes femmes "afin de reconnaître l'impact psychologique de la pandémie, et ses conséquences différentes en fonction de l'âge et du genre". Pour mieux penser le monde d'après.