Le Kamehameha explosif de Goku, la désinvolture héroïque de Vegeta, les transformations en Super Saiyen, les facéties de Krilin... On pourrait lister sans fin les facettes emblématiques du dessin animé Dragon Ball Z (ou DBZ pour les intimes), adaptation du manga culte d'Akira Toriyama et Bible de la génération Club Dorothée. Seulement voilà, une chaîne de la télévision espagnole ne semble pas partager cette madeleine de Proust.
Effectivement, comme nous l'apprend le site spécialisé en bande dessinées Bounding Into Comics, la télévision publique de la région espagnole de Valence a purement et simplement retiré la diffusion du dessin animé de sa programmation habituelle. Pourquoi ? Car elle serait synonyme de "contenus encourageant les discriminations par le biais de stéréotypes et d'assignations sexistes", dixit l'un des porte-paroles de l'antenne en question. Et donc inverse aux valeurs défendues par la région de Valence, basées sur l'inclusion et l'égalité des genres.
Institution du gouvernement autonome de la Communauté valencienne, la Generalitat Valenciana a ajouté que le service public devrait davantage privilégier "l'égalité de traitement et des chances pour les hommes et les femmes, l'utilisation d'un langage non sexiste et la garantie d'une image inclusive et non pas source de stéréotypes". Ce qui ne correspondrait pas vraiment à l'ADN de Dragon Ball Z. En vérité, rien de très étonnant dans cette observation.
Depuis ses premières diffusions à la toute fin des années 80, la série télévisée de la Toei Animation aux près de 300 épisodes a effectivement été vectrice de bien des polémiques, relatives à son contenu jugé tantôt sexiste, tantôt raciste, ou bien encore ultra-violent et obscène. Tant et si bien que le divertissement a fait l'objet de nombreuses formes de censure à l'étranger. Sa teneur "problématique" est donc une longue histoire.
En 2021, le sujet est encore si brûlant qu'hommes et femmes politiques n'hésitent pas à s'en emparer. Ainsi la députée valencienne Mónica Àlvaro aurait directement interpelé la direction générale de la Sociedad Anónima de Medios de Comunicación (chargée de diffuser la production audiovisuelle dans la Communauté valencienne) au sujet de la diffusion dudit dessin animé. Celle-ci aurait affirmé que son contenu ne correspondrait pas au "code de conduite" anti-sexiste que se doivent de respecter les chaînes publiques des programmes pour enfants. La région de Valence en appelle à "rejeter les contenus qui encouragent la discrimination fondée sur le genre".
Les accusations de sexisme et Dragon Ball Z, ce n'est pas nouveau. L'écriture de certains personnages féminins est depuis longtemps source de critiques, pour leur sexualisation notamment, comme cela peut être le cas de la jeune Lan-Fan. C'est également leur traitement qui est fustigé, comme celui de l'iconique Bulma, qui fait l'objet de nombreuses situations de harcèlement. Est enfin mis en évidence le fait que certains personnages tiendraient davantage de la figuration qu'autre chose. Des aspects qui sautent aux yeux aujourd'hui. Certains sites pop et militants, comme Anime Feminist, relaient de longues énumérations de ces failles problématiques.
Et pourtant, "DBZ" entretient une relation singulière avec la région de Valence, comme l'explique Courrier International. Effectivement, la diffusion dans les années 1990 de sa version doublée en valencien, succès populaire inattendu, aurait contribué à normaliser et populariser la langue régionale dans le pays. Il n'y aurait donc pas que du mauvais dans ce vaste univers aux imprévisibles retentissements qu'est Dragon Ball Z.