L'affaire Harvey Weinstein a eu des répercussions sur le monde entier : les hashtags #MeToo et #Balancetonporc l'ont prouvé. Ces mouvements historiques qui ont libéré la parole de milliers de femmes ont également largement contribué à dénoncer le harcèlement de rue. Rien qu'en France, ce fléau est subi par 3 millions de femmes chaque année, comme l'a dévoilé une étude de l'Ined publiée en décembre dernier.
Cette tendance à la méfiance de plus en plus grandissante doit-elle pour autant nous éloigner les uns des autres, quitte à nous faire rater de belles rencontres ? L'homme est-il devenu automatiquement un chasseur ou un pervers si il aborde une fille dans la rue ?
Voici les questions que s'est posées Jonathan Lambinet, créateur de la chaîne Youtube "Would You React". Depuis trois ans, ce youtubeur belge observe et interroge l'évolution des relations humaines au sein de la société par le biais de vidéos en caméra cachée, des "expériences sociales", comme il aime les appeler.
"Je pense qu'après cette vague et les changements qu'il y a eu récemment dans notre société, il est aussi important d'aborder ce sujet dans ce sens, tout en essayant de rassembler homme et femme sur ce même point", explique Jonathan Lambinet à propos de la drague dans la rue.
Comme à son habitude, le youtubeur a fait appel à deux acteurs, Mick et Ludovic. Les deux hommes se sont promenés dans une rue commerçante de Liège, pour aborder les femmes (et également quelques hommes). Le premier, Mick, joue le mec sûr de lui et n'hésite pas à balancer des : "T'es super jolie, franchement. Je peux avoir ton numéro ?", au bout de 2 minutes de conversation. Sans surprise, beaucoup déclinent. "Il faut arrêtez de toujours nous parler de notre physique", s'exclame l'une d'entre elles, une fois informée qu'elle a été filmée en caméra cachée.
Pourtant, si Mick ne parvient pas à ses fins, les réactions ne sont pas toujours négatives et l'échange reste souvent convivial. Certaines femmes acceptent même parfois de donner leur numéro. "Ça peut marcher, si le mec prend le temps de parler avec nous, de nous demander quels sont les bars sympas du quartier. Si le courant passe, là oui, peut-être on ira prendre un café ensemble", avance une jeune femme.
Dans la deuxième séquence, Ludovic entre en scène. À l'inverse de Mick, il se met dans la peau du mec renfermé, peu sûr de lui, qui demande d'emblée aux femmes qu'il accoste si elles sont en couple. Une approche jugée bien trop directe et qui, naturellement, ne rencontre pas un franc succès.
"Les gens sont pressés dans la rue, donc si le mec arrive direct en demandant notre numéro et pour nous dire qu'on est belles, ça ne passe pas. Dans un bar peut-être, mais pas la rue", expliquent des passantes qui ont pris part (sans le vouloir) à cette expérience sociale.
"La drague en rue est encore permise, mais uniquement si elle est bien faite, et surtout si on ne parle pas du physique. C'est la conclusion qui revenait souvent dans la bouche des filles. Bien sûr certaines restent fermées et on peut les comprendre", conclue Jonathan Lambinet, que l'on aperçoit dans la dernière partie de la vidéo. "On espère voir encore beaucoup de couples qui se formeront dans la société, au hasard d'une rencontre", ajoute le youtubeur.
En janvier dernier, le youtubeur avait réalisé une expérience similaire au Salon de l'Auto de Bruxelles, dans laquelle un acteur s'adressait aux hôtesses d'accueil de manière "plus ou moins lourde" afin de tester leurs réactions. L'objectif de cette vidéo était de montrer où se situe la différence entre la drague et le harcèlement.