Les moindres sorties ou paroles de DSK ne peuvent passer inaperçues, à 5 jours d’une élection que la gauche espère historique. C’est ce que Julien Dray aurait dû calculer, en lançant ses invitations pour fêter son anniversaire. Amis proches, people, et camarades du PS étaient conviés dans un bar du 2e arrondissement de Paris samedi soir, le « J’ose ». Ancien sex-shop reconverti en bar-lounge, restaurant et discothèque, l’établissement a accueilli une poignée de ténors du Parti socialiste, qui ont été surpris de se retrouver voisins de table de DSK et de son épouse Anne Sinclair, un invité surprise plus ou moins bienvenu, visiblement « heureux d’être là » d’après un invité interrogé par le Parisien. Si les bons amis, comme Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadélis, ont siroté leur cocktail avec le couple Strauss-Kahn, Ségolène Royal a rasé les murs et pris la fuite lorsqu’elle a su que l’ex-patron du FMI était présent. « Je n’ai jamais dîné avec lui, je ne l’ai pas vu, pas salué », a-t-elle déclaré à la presse. Idem pour Pierre Moscovici, qui dit ne pas avoir été informé de la présence de celui qu’il avait prévu de soutenir en cas de candidature à la présidentielle. En revanche le directeur de la communication de campagne de François Hollande, Manuel Valls, est allé serrer la main à son ancien collègue.
François Hollande n’a que peu apprécié cette soirée d’anniversaire à une semaine du second tour. Heureusement, lui avait choisi d’assister à la finale de la Coupe de France. Il aurait regretté « l’irresponsabilité » de Julien Dray, qui n’a pas songé à prévenir les invités mouillés dans la campagne de la présence de DSK. Sur le plateau de dimanche +, il a insisté : « DSK n’est pas dans la campagne et il n’a pas à y revenir de quelque manière que ce soit. » Une allusion aussi à l’interview qu’aurait accordée DSK au Guardian la semaine dernière, et dans laquelle il dénonçait l’implication de la droite dans sa chute, pendant l’affaire de New York.
Nicolas Sarkozy avait rebondi avec colère sur ces insinuations, mais a choisi ce weekend de garder le silence sur la petite sauterie des grands du PS. Mais un membre anonyme de son équipe de campagne se lâche dans le Parisien : « On fait le dixième de ça, on se fait pulvériser ! La gauche caviar privatise un bar, DSK est là, ils fêtent la victoire avant d’avoir gagné, c’est le vrai visage de la gauche ». Tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet demande à François Hollande de se prononcer : « il cautionne ou il dénonce ? »
Plus qu’indésirable dans les heures les plus cruciales pour le PS, DSK est de fait invité à se faire plus discret. Il sera dans tous les cas occupé par d’autres questions. C’est demain, 1er mai, à 18 heures heure française, qu’on connaîtra la décision du juge concernant l’ouverture d’un procès civil contre lui. Le juge Douglas Mc Keon doit en effet annoncer si oui ou non, DSK doit être poursuivi au pénal suite à la plainte déposée en août par Nafissatou Diallo dans le comté du Bronx. Celle-ci demande réparation pour le préjudice « moral et physique » subi au cours de l’agression dans la suite 2806 le 14 mai 2011. Si un tel procès avait lieu, DSK ne pourrait être reconnu coupable pénalement, il ne peut donc plus être condamné à une peine d’emprisonnement, mais il pourrait être condamné à verser des dommages et intérêts à la femme de chambre, et considéré comme « coupable » pour le sens commun. Les avocats de l’ancien ministre français comptent s’appuyer sur l’immunité dont jouissait leur client au moment des faits. Un concept qui parlait peu au juge lors de l’audience du 26 mars.
Crédit photo : AFP
Affaire DSK/Diallo : l'immunité absolue sauvera-t-elle DSK ?
Affaire DSK : Nafissatou Diallo peut-elle gagner au civil ?
De Lille à New York, le marathon juridique de DSK
Présidentielle 2012 : l'ombre de Marine Le Pen