En 2030, l'égalité hommes-femmes ne sera toujours pas atteinte. Et ce, nulle part sur la planète. Equal Measures 2030, un groupe d'organisations et d'entreprises, a signé un nouvel index global sur les progrès en termes d'égalité de genre : le SDG Gender Index. L'étude menée sur trois ans indique que sur 129 pays où vivent 95 % des femmes et filles, pas un ne remplira les conditions nécessaires à ce que les habitantes puissent prétendre aux mêmes droits et conditions de vie que les habitants d'ici onze ans.
Notées sur une échelle de 0 à 100 - 0 représentant le manque total d'égalité, 90 des efforts "excellents" et 100 l'égalité parfaite -, les nations obtiennent des scores allant de 33,4 pour le Tchad à 89,3 pour le Danemark, qui s'installe ainsi comme leader en matière d'égalité suivi de la Finlande, la Norvège et la Suède. Un leader aux progrès toutefois insuffisants, comme le précise Alison Holder, directrice d'EM 2030.
"Je ne vois aucun pays mener les actions ambitieuses et nécessaires pour s'attaquer à des problèmes difficiles à résoudre, y compris les pays les mieux notés", a-t-elle indiqué au Guardian. "Et je ne vois pas comment ces problèmes pourraient disparaître naturellement. Même dans les pays les mieux notés, il y a des problèmes massifs."
Pour établir son classement, l'EM 2030 s'est appuyé, dès 2016, sur les données des Nations unies, d'ONG, de la Banque mondiale et de think tanks, des groupes de réflexion privés qui produisent des études sur des thèmes de société. Ils ont étudié 51 cibles sur 14 des objectifs de développement durable fixés par l'ONU (SDG).
Ces objectifs font spécifiquement référence à l'égalité des sexes ou abordent des questions qui ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles, comme l'accès des femmes aux services bancaires mobiles, à l'Internet ou à une source d'eau potable.
En France, on atteint difficilement le score de 84 qui nous place en 14e position. Une position qui, si elle dépasse la moyenne fixée à 65,7, reste loin d'être satisfaisante. Et qui traduit un manque d'investissement notoire notamment en ce qui concerne la lutte contre les violences sexistes, les inégalités salariales ou encore le manque de femmes dans les parlements.
Les Etats-Unis sont quant à eux loin derrière, à la 28e position, avec une note de 77,6. On rappelle qu'en matière de droit des femmes, le pays a récemment fait un grand bon en arrière en adoptant des lois ultra-restrictives sur l'avortement, le rendant quasiment illégal en Alabama.
Melinda Gates, co-présidente la fondation Bill et Melinda Gates (l'une des partenaires d'EM 2030 aux côtés de plusieurs organisations et entreprises telles que Plan International ou ONE Campaign), a estimé que ce rapport "devrait servir de signal d'alarme pour le monde".
L'index global sera mis à jour en 2021, et présenté aux dirigeant·es politiques pour espérer un changement radical basé sur ces résultats dramatiques.