Loin de la simple ponctuation, l'emoji est un langage à part entière, aussi ludique qu'universel. Et chaque actualisation de notre smartphone nous le rappelle. Couples homoparentaux, personnes en situation de handicap, malvoyantes, malentendantes et paraplégiques... Ils étaient déjà nombreux, les nouveaux emojis à survenir l'an dernier à l'occasion de la Journée Mondiale des Emojis. Et cette rentrée 2020 poursuit le mouvement.
C'est tout du moins ce que suggère l'association Unicode (chargée de la standardisation des emojis) en présentant toute une salve d'émoticônes : s'y trouvent une femme à barbe, mais également "une personne" à barbe (afin de garantir la non-binarité), sans oublier cette possibilité de décliner à l'envi les couleurs de peau - pas moins de 200 possibilités envisageables, disponibles sur notre portable d'ici la fin de l'année. Un seul mot ? Inclusion !
On s'en doute, ces innovations suscitent les sarcasmes d'internautes pas forcément bien intentionnés. En réaction aux publications d'Unicode, d'aucuns disent ainsi que "les hommes chauves à barbes sont plus courants que les femmes à barbe". D'autres s'amusent plutôt du fait que cet emoji de femme à barbe maintes fois commenté "serait un bon équivalent de l'emoji Jésus". Des nouveautés qui ne laissent personne indifférent.
"La majorité des variations de couleurs de peau sont destinées aux groupes d'emoji de 'pluri-personnes', de couples accompagnés d'un coeur et de couples qui s'embrassent", précise encore l'organisation sur son blog. De la suite dans les idées pour l'Emojipedia (l'encyclopédie des emojis), qui se réjouit sur Twitter de l'apparition imminente de plus de deux-cent nouveaux emoticones. Rien que ça. Des efforts salués quelques mois après la création d'un emoji révolutionnaire : le "trans flag emoji", à l'effigie du drapeau de la communauté transgenre.
En janvier dernier, Unicode valorisait déjà des représentations plus inclusives, entre l'emoji "femme en costume" et l'emoji "homme portant un voile de marié". Une judicieuse manière d'être en phase avec son époque. Normal quand on se charge du moyen de communication le plus tendance des nouvelles générations. La revue LGBTQ Out s'en enthousiasme d'ailleurs ouvertement : "En plus de promouvoir une plus grande diversité, Unicode a constamment repensé les genres et les représentations qu'on leur associe", peut-on y lire. CQFD.
Bien sûr, la volonté de diversité qui anime ce langage ne plaît pas à tout le monde. On se rappelle à ce titre des polémiques suscitées en 2017 par la proposition d'un emoji "hijab", imaginée par une ado saoudienne de seize ans. Une représentation de femme voilée qui avait marqué le World Emoji Day de cette année-là. Si des entreprises comme Apple actualisent volontiers leurs services, certains esprits étroits ont plus de mal à changer...