La clé du bien-être au travail réside-t-elle dans une partie de galipettes pendant les heures de bureau ? C'est en tout cas l'idée – moins farfelue qu'on veut bien le croire – émise par Per-Erik Muskos, un membre du conseil municipal d'Övertorneå, au nord de la Suède. D'après AFP, ce politicien de 42 ans a proposé que les entreprises permettent à leurs employés de rentrer chez eux une heure chaque jour pour pouvoir "s'envoyer en l'air" avec leur partenaire. Comme les pauses café, ces "pause sexe" seraient rémunérées par l'employeur. Si la motion de Per-Erik Muskos était adoptée, chaque salarié pourrait donc, à n'importe quel moment de sa journée de travail, s'absenter pendant une heure afin d'avoir des relations sexuelles avec son ou sa partenaire.
Mais pourquoi donc accorder une "pause galipettes" aux Suédois ? Pour Per-Erik Muskos, leur permettre de "décompresser" ne peut qu'être bénéfique à l'entreprise. "Il y a des études qui montrent que le sexe permet de rester en bonne santé", affirme-t-il. Par ailleurs, une telle mesure aurait pour avantage de renforcer les relations entre conjoints. Si la motion passait, ils n'auraient pas besoin d'apporter la preuve qu'ils ont bien fait une sieste crapuleuse. Ils peuvent tout simplement profiter de cette heure rémunérée pour passer du temps ensemble et se reposer avant de retourner travailler. Mais comment être certain que les employés utilisent bien cette heure pour passer du temps avec leur conjoint ? Per-Erik Muskos l'admet : il n'est pas possible de s'en assurer. "Vous ne pouvez pas garantir que le travailleur ne va pas faire une promenade à la place", concède le conseiller municipal, qui invite les employeurs à faire confiance à leurs salariés.
Comme le note Quartz, que la proposition d'instaurer des "pauses sexe" émane de la Suède n'est pas un hasard. Déjà championne – tout comme le Danemark – du respect de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la Suède n'est pas frileuse en matière de décision radicale pour améliorer le bien-être de ses travailleurs.
Outre leur sacro-sainte pause-café (le fameux fika), les Suédois disposent de 480 jours de congé parental rémunéré, à partager entre les deux parents. Plusieurs villes expérimentent aussi depuis plusieurs années et avec succès la semaine de 30 heures dans le secteur public. À Göteborg, mais aussi à Övertorneå, ville où siège Pier-Erik Muskos, les employés du secteur public ne travaillent donc plus que six heures par jour, sans baisse de salaire. D'après Roland Paulsen, chercheur en administration des affaires à l'Université de Lund, réduire les heures de travail a permis non seulement d'augmenter la productivité des travailleurs, mais aussi d'accroître leur bien-être sur leur lieu de travail. "Pendant longtemps, les politiciens ont été en compétition pour nous dire que nous devions créer davantage d'emplois avec de plus longues heures. Le travail était devenu une fin en soi. Mais la productivité des salariés a doublé depuis les années 1970 donc, techniquement, nous avons le même potentiel que pour une journée où nous travaillerions quatre heures. Reste désormais à savoir comment ces gains de productivité vont être distribués", expliquait-il au Guardian en septembre 2015.
Résultat : selon les chiffres de l'OCDE, les Suédois sont parmi ceux qui bénéficient d'un temps de travail annuel les plus bas au monde (1 612 heures travaillées par an en 2015, soit 9% de moins que la moyenne des pays membres de l'OCDE). La Suède compte pourtant parmi les pays les plus productifs au monde (9e du classement en 2016, avec une heure de travail moyenne à 27 euros). À titre de comparaison, la France figure en 11e position des pays les plus productifs (25,30 euros par heure travaillée) pour 1473 heures de travail par an.