"Je n'ai pas choisi pour ma vie, c'est bien mon choix quand je sors (...) Droit de l'homme, droit d'exister, mais aussi de s'en aller", chante Jean-Luc Brouillon. Cet auteur-compositeur spécialisé dans le répertoire pour enfants a accompagné la fin de vie de ses deux parents atteints d'un cancer. Souffrant lui-même aujourd'hui d'un cancer du pancréas au stade métastasique, il publie un clip poignant Quand je sors, qu'il définit lui-même comme un "hymne du coeur, chanson militante pour le droit à mourir dans la dignité".
"Parce que parfois, quand il n'y a pas d'issue mais que l'on a encore toute sa tête, on souhaite
simplement pouvoir décider de l'instant 'où l'on sort'", décrit le musicien, qui désire "quitter la scène dignement". Dans son communiqué, Jean-Luc Brouillon explique sa démarche : "J'ai voulu apporter mon grain de sable et faire comprendre que la situation actuelle est particulièrement cruelle. Car cette cause, qui me concerne comme tant d'autres, touchera certainement un jour chacun d'entre nous."
Jean-Luc Brouillon juge que ceux et celles qui veulent mourir dans la dignité "sont confrontés en France à un manque d'humanité". "Parce que l'euthanasie, ou plutôt le 'départ assisté', est toujours interdite dans notre pays, ils sont contraints de s'exiler ou de subir leur pathologie. D'ailleurs, il faut rappeler que, dans la plupart des cas, ils ne peuvent même pas bénéficier des soins palliatifs : les deux tiers des patients qui en auraient besoin n'y ont pas accès."
C'est pour sensibiliser à cette problématique que Jean-Luc Brouillon signe cette chanson militante et bouleversante.
Les Français·e·s pourraient bénéficier du droit à mourir dans la dignité à l'issue de la convention citoyenne voulue par Emmanuel Macron. Du 9 décembre 2022 au 19 mars 2023, 150 citoyen·ne·s tiré·e·s au sort vont débattre de la fin de vie. L'objectif serait de parvenir à la rédaction d'un texte de loi en 2023.
L'euthanasie pourrait peut-être ainsi être légalisée, notamment lorsque la personne est atteinte d'une maladie grave et incurable. En septembre dernier, le Comité national consultatif d'éthique (CCNE), dont l'expertise était très attendue, a envoyé des signaux encourageants en donnant un avis favorable à la légalisation de l'aide active à mourir.
Par ailleurs, un sondage mené par l'Ifop révèle que 78 % des Français attendent de la convention citoyenne qu'elle encourage un changement de la loi avec la légalisation de l'euthanasie et du suicide médicalement assisté. 82% des Français considèrent le droit à l'euthanasie et le suicide médicalement assisté comme des soins de fin de vie à part entière.
Jean-Luc Brouillon espère, en mettant ses talents au service de sa cause, que son appel à pouvoir "quitter la scène dignement" sera entendu par les plus réticent·e·s.