"Climate is a Fashion victim" ("le climat est une victime de la mode"), "No Fashion on a dead planet" ("pas de mode sur une planète morte"), "LVMH Macron : complices dans l'inaction". Sur le podium et à l'extérieur du défilé Louis Vuitton, les nouvelles créations du directeur artistique Nicolas Ghesquière n'ont pas été les seules à faire sensation. Tant mieux.
Quatre activistes sont intervenu·e·s, banderoles peintes de ces slogans percutants à la main. Une jeune femme notamment, Marie, a réussi à se glisser au milieu des mannequins, brandissant un puissant "surconsumption = extinction" devant les acteurs et actrices d'une industrie à l'impact redoutable sur l'environnement.
"Ce n'est pas facile de se lancer dans un lieu où les puissants édictent les codes. Mais l'urgence est trop grande. Le secteur de la mode ne peut nier la crise écologique", confie-t-elle sur Twitter, où elle livre son témoignage de l'action.
Ces militant·e·s sont membres des organisations Amis de la Terre, Extinction Rebellion et Youth For Climat, qui se battent au quotidien pour confronter public, gouvernement et entreprises à l'urgence climatique ainsi qu'à leurs responsabilités dans cette crise planétaire. Ici, elles visent précisément le luxe et le matraquage publicitaire dont il est coupable, inspirant un "désir de surconsommer à l'ensemble de la population, y compris ceux qui ne peuvent s'offrir de tels produits."
"2,88 milliards de vêtements ont été vendus en France l'année dernière", constate avec gravité Alma Dufour, chargée de campagne surproduction pour Amis de la Terre. "Cette surproduction est incompatible avec les limites planétaires. Année après année, la mode produit toujours davantage. Si elle ne baisse pas rapidement sa production, les émissions de gaz à effet de serre vont continuer à augmenter dans les prochaines années !"
Pourtant, dénonce l'association, le gouvernement français refuse toujours à contraindre les acteurs du textile à respecter l'Accord de Paris. "Des actions urgentes sont nécessaires pour imposer aux acteurs de la mode de réduire leur production, d'améliorer considérablement leur impact environnemental et de respecter les droits humains dans les pays de fabrication", martèle Les Amis de la Terre.
Et d'accuser : "Emmanuel Macron se positionne en champion du climat... en réalité, il sert avant tout les intérêts des grandes entreprises françaises, et notamment ceux du groupe LVMH. Nous ne sommes pas dupes : demandons des actions fortes et rapides !"
En février dernier, l'Etat était condamné pour "préjudice écologique". En juillet, la loi climat définitivement adoptée avait été taxée de "manque d'ambition" pour les ONG. Alors, à quand du concret ?