En mai 2011, deux employées à la mairie de Draveil (Essonne), Virginie Ettel et Eva Loubrieux, portaient plainte contre le maire de la ville, Georges Tron, pour agressions et harcèlement sexuels, des faits édifiants qui auraient eu lieu de 2007 à 2010. Il était accusé de leur avoir imposé "des attouchements et pénétrations digitales".
Ces accusations, qui mettaient également en cause l'ancienne adjointe à la Culture Brigitte Gruel, avaient alors abouti à la mis en examen du principal concerné, et ancien secrétaire d'État, en juin 2011. Suite au procès qui avait eu lieu en 2018, Georges Tron avait été acquitté en première instance.
Mais ce 17 février 2021, l'homme politique vient finalement d'être condamné à cinq ans de prison pour "viols et agressions sexuelles en réunion". Cinq ans, dont trois ferme. Le verdict de la cour d'assises de Paris est historique. Et pas simplement parce qu'il apporte un point final à un procès qui a traversé toute une décennie. C'est, simplement, que l'on a pas l'habitude de voir un homme de pouvoir français faire l'objet d'un tel verdict dans le cadre d'agressions sexuelles.
"C'est un message de soulagement pour ma cliente et d'espoir pour d'autres femmes qui sont dans cette situation", a en ce sens déclaré Vincent Ollivier, l'un des avocats de la plaignante Virginie Ettel, comme le relate BFM TV. "Ca montre que le pot de terre peut commencer à s'armer pour lutter contre le pot de fer". Un message destiné à toutes les victimes d'agressions et harcèlement sexuels. Et abondamment salué par les militantes féministes.
"Georges Tron condamné en appel à cinq ans de prison, dont trois ans ferme, pour viols et agressions sexuelles. Après dix ans de procédures, un combat sans relâche des deux plaignantes, voilà la première condamnation en France d'un homme de pouvoir pour viol !", s'est ainsi exprimé la candidate à la primaire d'EELV et militante féministe Sandrine Rousseau sur Twitter.
A l'unisson, Caroline De Haas, instigatrice du collectif Nous Toutes, s'est félicitée de ce verdict : "Le monde est en train de changer non ?", a-t-elle écrit.
On l'espère vivement, en tout cas. Et l'activiste de décocher un "immense bravo et respect aux victimes". Des mots qui font du bien. Mais qui s'avèrent nuancés par certains internautes. Ainsi l'autrice et féministe Valerie Rey-Robert, à qui l'on doit notamment un ouvrage de référence sur la culture du viol, déplore quant à elle une "très faible peine", constatant du même coup que le monde "ne change pas vraiment". "Trois ans fermes pour viol cela semble peu", affirme en retour un twitto. Surtout après dix ans d'allers-retours juridiques ?
Mais toutes les voix ne sont pas si perplexes. "C'est en effet bien léger... Mais une condamnation en France d'un homme de pouvoir pour des crimes sexuels reste rare, c'est donc positif", ajoute un commentateur. "Virginie Ettel n'était pas venue avec une idée de revanche et ne cherchait pas à obtenir quelque chose. Elle ne demandait pas à ce que Georges Tron soit incarcéré, mais à être entendue", a poursuivi l'avocate Laure Heinich.
"Virginie Ettel est venue réitérer des faits qu'elle disait depuis des années, elle voulait qu'on entende sa parole qui était corroborée par des témoignages qu'on n'avait pas entendu à la première cour d'assises", a achevé cette dernière. Que tous se rassurent, la parole des victimes a bel et bien été entendue dans cette affaire.
Incarcéré après sa condamnation ce mercredi 17 février, Georges Tron devrait effectuer une demande de mise en liberté.