"Nous, joueuses professionnelles du NAHB, souhaitons que soit connue notre version de l'histoire". C'est une édifiante lettre ouverte que vient de publier le site de l'Association des joueurs professionnels de handball. Dans ce texte, six handballeuses anonymes de Nantes dénoncent les agissements de leur club : avoir effectué des tests de grossesse sans leur consentement. Une méthode condamnable, pourtant contestée lors d'une conférence de presse dudit club, notamment par le président Arnaud Ponroy, qui l'a affirmé : "Oui, les tests ont été faits. Non, ils n'ont rien d'illégal et n'ont pas été faits sans le consentement des joueuses".
Mais les handballeuses persistent et signent : elles appuient leur désaccord à l'égard de cette version dite "officielle" de l'histoire. La moitié de l'équipe a d'ailleurs refusé d'assister à cette conférence. "Nous souhaitons seulement dire que nous, signataires de cette lettre ouverte, n'avons pas été spécifiquement informées que les bilans biologiques que nous sommes allées faire, comprenaient un test de grossesse sanguin", insistent les sportives à propos de ce test abusif qui aurait été effectué au club Nantes Atlantique Handball.
Aujourd'hui, en énonçant leur indignation, les handballeuses désirent éveiller les esprits.
Car cette affaire de test de grossesse n'est pas qu'une question de sport, non, c'est avant tout une histoire de consentement, de respect des femmes et de leur intégrité physique. "En dénonçant cette pratique, nous souhaitons qu'une prise de conscience s'effectue pour qu'aucune autre joueuse, pour qu'aucune autre femme n'ait à vivre ça de nouveau dans le cadre de son travail, qu'elle soit sportive ou non", expliquent les athlètes, qui précisent au passage qu'elles ne souhaitent pas "que le médecin en qui [elles ont] confiance, perde son travail".
Ledit médecin, comme le détaille au Monde la capitaine Léa Lignières, les aurait reçues dans son cabinet lors d'un entretien d'une trentaine de minutes afin de leur faire passer une série d'analyses. Or, sur les ordonnances des joueuses, apparemment remises en mains propres à ces dernières, figure, entre autres choses, un dosage de l'hormone Béta HCG, qui permet de détecter une grossesse. La capitaine, elle, ne condamne pas le geste du médecin : "On n'a pas eu toutes le réflexe de regarder ce qu'il y avait sur nos ordonnances", explique-t-elle au journal. Cependant, les termes "test de grossesse" n'étaient en rien indiqués noir sur blanc...
Mais ce scandale sportif, espérons-le, ne sera pas sans suite. Comme l'explique le quotidien Ouest France, la commission médicale de la Ligue féminine de handball a par ailleurs insisté, lors d'une conférence organisée le 17 février dernier, sur le fait - primordial - qu'un test de grossesse n'a pas sa place au sein du club féminin de handball. Et que les joueuses se doivent toujours d'exprimer "leur consentement libre et éclairé" à propos de telles opérations - lesquelles exigent d'être établies sous la forme "d'ordonnances bien distinctes".
Dans tous les cas, ces joueuses peuvent compter sur le soutien de la députée LREM (et ancienne handballeuse) Aude Amadou, qui l'affirme en interview : "Je les soutiens pleinement parce qu'aujourd'hui, une joueuse de handball, au même titre qu'une salariée dans une entreprise, a des devoirs certes, mais aussi des droits et je crois qu'aujourd'hui, le droit à la séparation entre la sphère professionnelle et la sphère privée est quelque chose de légitime. Je tiens à cette intimité qui relève de la féminité", explique-t-elle du côté de France Bleu.
Aujourd'hui, souligne de son côté la commission, il s'agit encore de rester "extrêmement vigilant sur toute suite qui serait donnée à cette affaire, notamment en cas de révélations d'éléments nouveaux". Des éléments qui pourraient resurgir d'un jour à l'autre ?