En Europe, en Chine et aux Etats-Unis seulement, on recense 2 millions de femmes malvoyantes en âge de procréer, d'après le Royal Institute of Blind People (RNIB), une organisation caritative britannique d'assistance aux personnes déficientes visuelles. Ce sont autant de potentielles grossesses que les tests actuels, ceux que l'on peut facilement acheter en pharmacie ou en supermarché, ne sont pas en mesure d'annoncer correctement à l'intéressée.
Une réalité discriminante parmi d'autres que le RNIB a voulu adresser, à travers Design for Everyone, sa grande campagne d'innovation qui vise à créer un monde plus inclusif pour les personnes aveugles et les malvoyantes. Un monde qui permettrait à chacun·e un respect essentiel de sa vie privée, notamment.
"De la gestion des finances à l'accès aux informations médicales privées, la vie privée est importante, peu importe qui vous êtes. Mais les personnes aveugles et malvoyantes se voient souvent refuser leur droit à la vie privée en raison de l'inaccessibilité de la conception et des informations", déplore le site de l'institut. "Le test de grossesse en est un exemple poignant, car les femmes aveugles et malvoyantes n'ont souvent pas d'autre choix que de faire participer d'autres personnes à la lecture de leurs résultats. Cela signifie que leurs informations privées sont rendues publiques". Et leur intimité souvent mise à mal.
"Un design accessible est important", martèle encore l'organisation. "Et pour prouver que c'est possible, nous avons créé un prototype de test de grossesse qui permettrait aux femmes d'être les premières à connaître leurs propres nouvelles". Nécessaire.
Afin de le concevoir au plus près des besoins des utilisatrices, le designer indépendant Josh Wasserman, à l'origine du projet, s'est entretenu longuement avec les premières concernées. Il a ensuite élaboré un modèle lumineux, légèrement plus grand que le bâtonnet traditionnel et doté de nodules qui se soulèvent lorsque le résultat est positif. Des détails qui mènent à une meilleure navigation tactile.
Côté prix, si le prototype imprimé en 3D coûtera un peu plus cher que les tests standards, affirme le RNIB, celui-ci a mis en ligne gratuitement les consignes de reproduction, afin que les personnes munies de l'équipement nécessaire puissent en faire une copie à domicile. Une solution qui, on en convient, n'est pas à la portée de tous et toutes.
Pour ce qui est du concept en revanche, il s'agit d'une belle avancée qui souligne le caractère indispensable d'une plus grande accessibilité parmi les produits du quotidien, malheureusement encore trop pensés pour correspondre à une norme validiste. Et qui, on l'espère, envahira rapidement le marché.