Il y a des moments que l'on vit presque machinalement, d'autres que l'on subit, et d'autres encore que l'on savoure. Ce sont tous ces instants que l'artiste coréenne Henn Kim a voulu illustrer, en mettant au même niveau de poésie un dimanche de flemme sur un canapé qu'un coeur brisé en mille morceaux ou des scènes de plaisir intense. Même le routinier café du matin y est passé, devenant l'image concrète de l'expression "Je carbure à la caféine".
Ce qui différencie Henn Kim, c'est sa volonté de ne dessiner qu'en noir et blanc, et de rester dans un registre plutôt graphique. Les lignes sont nettes, elles tranchent avec le fond blanc et le noir est rarement dégradé, sauf pour former une planète étoilée aux allures d'aquarelle qui contraste joliment avec le reste du croquis.
C'est une ode à la femme et à l'amour. Des doigts qui se plongent dans une fleur ou dans une pêche, une main qui serre un cactus ou la tige d'un champignon, représentent le plaisir. Un coeur lourd que l'on serre contre nous sur une balance face à un homme qui lui, pèse plus léger, incarne une rupture.
C'est aussi une vision parfois critique de la société, des réseaux sociaux et de la surconsommation. Comme lorsque l'on voit un dessin de mains sur un clavier recouvert de fringues, ou un couple qui s'enlace pendant que la femme prend un selfie.
D'autres relatent cependant les avantages de ces évolutions. Sur celui où un homme et une femme se touchent la main au travers d'un téléphone géant, on peut y voir la proximité que nous donne la technologie. Même si l'autre est loin, on a l'impression d'être près de lui grâce au contact permanent qu'elle nous procure.
Chaque dessin nous parle, Henn Kim a su viser juste avec une pointe d'ironie qui nous émeut et nous fait sourire. Des métaphores qui nous laissent pensives et surtout la possibilité d'interpréter notre propre vérité. De les lier à notre vécu et de les traduire selon nos expériences personnelles.
De l'art pur qui fait réfléchir et que l'on découvre du bout des doigts, en faisant défiler les planches qu'elle a voulu accessibles à tous·tes en ligne.