Le monde du travail est devenu de plus en plus stressant pour les salariés. Ce n'est pas nous qui le disons, mais le cabinet de conseil spécialisé dans le bien-être et la santé au travail Stimulus. Ce dernier vient de rendre publique sa vaste enquête menée auprès de 32 000 salariés et 39 entreprises entre 2013 et 2017.
Les résultats dévoilés ne sont guère encourageants : selon Stimulus, 24% des salariés interrogés sont dans un état d'hyperstress, c'est-à-dire à un niveau de stress très élevé et donc à risque pour leur santé. Les femmes sont les premières exposées cette pression permanente : 28% des répondantes se disent dans un état d'hyperstress, contre 20% des hommes.
Stimulus s'est aussi intéressé au niveau de stress auquel sont confrontés les salariés selon les catégories d'âge. Il s'avère que les 40-50 ans et les plus de 50 ans sont les plus touchés par le stress. Les moins de 30 ans sont eux les moins concernés par le stress au travail : seuls 20% d'entre eux connaissent un état d'hyperstress.
Comment explique cet état de stress permanent qui touche de plus en plus de salarié.e.s et qui peut s'avérer néfaste à long terme pour leur santé ?
Le cabinet Stimulus avance plusieurs pistes avec les exigences liées au travail en ligne de mire. "Devoir traiter des informations complexes et nombreuses" et "manquer de temps" concernent respectivement 72% et 62% des salariés et leur impact en termes de stress est très fort, notent les auteurs de l'étude. Autre grande source de stress pour 41% des répondants : les objectifs difficilement atteignables. Le fait de devoir sans cesse s'adapter est aussi considéré comme stressant pour 88% des salariés, de même que le fait qu'il leur est "impossible de prévoir leur travail dans deux ans" (pour 76% des répondants).
Mais ces changements apparaissent être moins une source de stress que les exigences précédemment citées. Le manque d'autonomie et en particulier "la non-participation aux décisions touchant à mon travail", bien que ne touchant que 56% des salariés est une importante cause de stress.
Plus surprenant, il semblerait que la difficulté de mener de front vie professionnelle et vie personnelle s'avère aussi stressant pour les femmes que pour les hommes : 22% des répondant.e.s dans le deux cas affirment qu'il s'agit d'une source de pression supplémentaire. Étonnant, quand on sait que c'est surtout aux femmes que revient encore aujourd'hui le fait d'assumer la "double journée" : courir aux aurores au travail pour pouvoir rentrer plus tôt le soir afin de s'occuper des enfants.
Le problème, constate Stimulus, c'est que ces niveaux de stress élevés subis par les salariés peuvent s'avérer particulièrement néfastes pour notre santé. Ainsi, le stress peut parfois s'aggraver jusqu'à un niveau dépressif élevé. Parmi eux, 6% font probablement une dépression, au sens médical du terme.
Les niveaux dépressifs élevés concernent un peu plus les hommes que les femmes (31% contre 28%) mais autant d'hommes que de femmes ont une dépression probable (7% et 6%). Les non cadres ont un peu plus de manifestations dépressives que les cadres (31% de niveau dépressif élevé versus 27%) mais le taux de pathologie dépressive est comparable. Les mêmes différences s'observent selon que le salarié a, ou non, des responsabilités d'encadrement.
L'étude montre également que les niveaux dépressifs élevés progressent avec l'âge. Ils vont de 23% chez les moins de 30 ans et de 28% pour les 30-40 ans, pour atteindre 31% pour les 40-50 ans et les plus de 50 ans. Cette progression s'observe aussi en fonction de l'ancienneté dans l'entreprise, allant de 20% pour une ancienneté inférieure à 5 ans et de 30% pour une ancienneté entre 5 et 15 ans, jusqu'à 34% pour une ancienneté de 15 à 25 ans et 31% pour une ancienneté dépassant 25 ans.