Voilà un phrasé qui ne devrait guère bouleverser quiconque a déjà entendu une "punchline" de Donald Trump. En pleine course à la présidentielle, l'ancien président des Etats-Unis a attaqué frontalement sa rivale à ce titre : la candidate démocrate Kamala Harris, par ailleurs première vice-présidente de l'histoire des Etats-Unis.
La binôme de Joe Biden est accusée par Trump... De se faire passer pour une "femme noire", par pur opportunisme. Oui oui. Ce que suggère Donald Trump, c'est que Kamala Harris serait "devenue Noire" - autrement dit : prétend être noire auprès de l'électorat afroaméricain - et que cela entre en contradiction avec ses origines indiennes.
"Je connais indirectement Kamala Harris depuis longtemps. Elle était indienne et tout d’un coup, elle a changé et elle est devenue noire. Elle a toujours été d'origine indienne. Elle est devenue noire", a ironisé Donald Trump ce 31 juillet lors d'une prise de parole particulièrement controversée relayée par le Huffington Post.
Une attaque pas si étonnante en vérité... On vous explique.
Lors de cette prise de parole polémique, Trump poursuit sur le même ton, très caustique : "A une époque Kamala Harris ne faisait que promouvoir ses origines indiennes. J'ignorais quelle était une personne noire jusqu'à il y a quelques années. Mais elle est indienne ou elle est noire ?"
Ce n'est pas une charge bouleversante pour qui s'intéresse aux stratégies rhétoriques de Donald Trump. Alors qu'une grande partie des médias américains s'attendait à ce que l'ancien président de la nation, guère connu pour ses prises de position féministes, s'en prenne à sa condition de femme politique (Trump étant vénéré par tout un pan des masculinistes), c'est un aspect différent qu'il a choisi de viser, mais cela revient au même : le candidat désire décrédibiliser l'identité même de Kamala Harris à travers ces suggestions.
Et ce, en lui reniant sa condition de femme noire. Pour mieux rallier la communauté afro-américaine ? L'exploit serait fort. Née d'un père jamaïcain professeur d'économie et d'une mère indienne chercheuse en cancérologie (elle n'est donc pas uniquement d'origine indienne, contrairement à ce que prétend Donald Trump), première femme noire élue au poste de procureure générale à San Francisco avec 22 000 voix d'avance (elle cumulera deux mandats successifs), l'ancienne étudiante en sciences politique et droit s'est toujours engagée pour défendre les droits de la communauté noire, dénonçant discriminations et violences..
Bien des politologues envisagent Kamala Harris comme la grande hantise de Donald Trump : femme de couleur, femme de pouvoir, adepte de la rhétorique, puisque procureure, son parcours s'enrichissant d'une expérience déterminante en tant que vice présidente - à deux marches de la présidence tout court donc, d'autant plus suite au choix de Joe Biden, celui de renoncer à la course électorale l'opposant au candidat républicain. Une hantise qui expliquerait cette véhémence prononcée ?
Pour en saveur plus sur la trajectoire, aussi bien intime que politique, de l'éventuelle future première Présidente des Etats-Unis (quand bien même la réélection de Donald Trump en novembre prochain est pour bien des spécialistes une évidence), nous vous recommandons ce très complet panorama signé ARTE.