"Lève-toi et bats-toi". Ces mots très "discours de motivation" sortent de la bouche de Donald Trump - qui n'est pas forcément connu pour ses démonstrations de soutien publiques. Et le contexte importe : le président des Etats-Unis a décoché ces quelques "conseils" à l'adresse de son rival Joe Biden. Le candidat démocrate, qui est également le principal rival du milliardaire républicain durant la course à la présidentielle américaine qui se tiendra le 3 novembre prochain, est accusé d'agression sexuelle par une ancienne collaboratrice.
L'accusatrice, Tara Reade, 56 ans, travaillait aux côtés de Joe Biden du temps de son poste de sénateur, en tant qu'assistante. Aujourd'hui, elle révèle des faits qui remonteraient à l'année 1993 et se seraient déroulés dans un couloir du Congrès américain. Comme le rappelle le Guardian, Joe Biden aurait plaqué Tata Reade contre un mur avant de la pénétrer avec ses doigts.
Et ce n'est pas simplement cette accusation d'agression sexuelle que soutient désormais Tara Reade, mais tout ce qui l'aurait obligée au silence ces vingt-cinq dernières années. "Je voudrais vous tenir responsable de ce qui m'est arrivé, de la façon dont votre personnel vous a protégé et m'a intimidé à plusieurs reprises, me forçant au silence", déclare-t-elle à l'adresse de l'ancien vice-président.
"Tara Reade mérite d'être entendue et les électeurs méritent de l'entendre", appuie de son côté le Washington Post. Et les paroles en question sont accablantes. Elles évoquent des violences sexuelles et pressions professionnelles donc, mais également des gestes et propos déplacés. Très "tactile", Joe Biden aurait ainsi eu pour habitude de toucher les épaules et le cou de son assistante. Mais aussi de commenter ses jambes.
Des abus sexistes et sexuels qui ont suscité l'indignation de Rose McGowan, l'une des voix majeures du mouvement de libération de la parole #MeToo : "Je suis vraiment triste et je suis vraiment fatiguée", a commenté sur Twitter l'actrice. Militante féministe, Rose McGowan est également une fervente partisane du parti démocrate. D'où cette "tristesse" avouée sur les réseaux sociaux, selfies à l'appui. Déception d'autant plus flagrante que Joe Biden n'a jamais hésité à fustiger les violences sexistes et sexuelles, qualifiant en pleine interview télévisée les violences faites aux femmes "d'énorme problème" voire même de "grande cause de [sa] vie".
Et d'ailleurs, le principal concerné n'en démord pas. Alors que plusieurs investigations ont été lancées du côté des grands médias américains - du New York Times à Buzzfeed News, recueillant les témoignages de collaboratrices, anciennes collaboratrices et stagiaires - l'ancien fidèle bras droit de Barack Obama a assuré son innocence sur la chaîne MSNBC : "Tout cela n'est pas vrai, cela n'est jamais arrivé. Je ne vais pas me poser des questions sur les motivations de Tara Reade, je ne vais pas l'attaquer. Elle a le droit de dire ce qu'elle veut. Et j'ai le droit de dire : regardez les faits, vérifiez. La vérité compte". A l'en croire, Joe Biden n'a donc "rien à cacher".
Rappelant l'importance de laisser les femmes "s'exprimer" et "d'être entendues", Joe Biden appuie sa défense en insistant sur la nécessité d'une enquête. Si les enquêtes du New York Times et de Buzzfeed n'ont pour le moment pas révélé d'attitudes "inappropriées" relatives au candidat à la présidentielle, le doute persiste cependant. Tara Reade aurait porté plainte en 1993 pour agression sexuelle. En avril dernier, elle a fait un nouveau signalement à la police de Washington, 27 ans après les faits. Une chose est certaine, Joe Biden se passerait volontiers du soutien de Donald Trump qui, l'an dernier encore, faisait l'objet de 43 nouvelles allégations d'agression et d'harcèlement sexuels...