"Précarité, retour à l'emploi, charge mentale, organisation du foyer... Pendant et après les traitements, la survenue d'un cancer chez une femme est une rupture renforcée et l'impact social de la maladie est plus lourd pour elles". Voilà ce qu'affirme Steven Le Gouill, le directeur de l'Ensemble Hospitalier de l'Institut Curie.
Selon la nouvelle étude du centre de recherche et du traitement du cancer français, l'expérience du cancer mettrait d'autant plus en évidence les inégalités de genre. Et ce, en exacerbant considérablement les responsabilités des femmes au sein de leur vie professionnelle, intime et familiale.
Ainsi, l'enquête a questionné les Françaises et les Français sur leur perception des inégalités face au cancer. Et la charge mentale, l'organisation familiale, le maintien de la vie professionnelle, le retour à l'emploi ou encore la précarité reviennent régulièrement "et très nettement en défaveur des femmes", note l'Institut Curie.
Ainsi, "une femme sur deux estime qu'il existe des inégalités par rapport aux hommes en matière de charge mentale et d'organisation familiale face aux cancers", rapporte cette enquête.
Sur les 1 500 personnes sondées dans le cadre de cette étude de l'Institut Curie, 8 % estiment que la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle fait partie des principales difficultés pour le retour à l'emploi des femmes "alors que cet aspect n'est pas mentionné pour les hommes", note l'enquête. "Plus de la moitié des Françaises pense que les femmes atteintes de cancer ne peuvent pas retrouver la même vie professionnelle qu'avant la maladie, un facteur aggravant les situations de précarité des femmes."
Par ailleurs, 45 % des personnes interrogées qui estiment que les inégalités entre Français sur les cancers sont d'abord liées aux revenus (salaires, aides sociales...).
De même, la vie sexuelle ne "reviendrait pas à la normale" pour une femme interrogée sur deux.
Au coeur de la première saison du podcast Impatientes, Maëlle Sigonneau, décédée d'un cancer du sein métastatique en 2019, nous expliquait en ce sens que "l'expérience de la maladie est une expérience de société". "L'on parle d'une maladie qui tue 12 000 femmes par an en France. Ma révolte vient du fait que je vis dans un monde qui a totalement perverti notre rapport à la maladie, rajoute des souffrances à ton vécu : ne pas montrer que l'on est malade, conserver sa "féminité"... Face à tout cela, on a besoin de révolte", affirmait-elle.
Une lutte contre des inégalités de genre que la maladie ne fait que renforcer.