Kaizen, ça veut dire "changer" en japonais. Ce qui annonce plutôt la couleur quant au projet de sa philosophie. Si on pouvait craindre une méthode radicale façon Marie Kondo qui nous demande de nous débarrasser de ce qui nous déplaît chez nous en un claquement de doigts, il n'en est cependant rien. Le Kaizen mise davantage sur une approche en douceur, dans la durée, sans culpabilisation ni pression. C'est d'ailleurs tout son credo, y aller petit à petit. Étapes par étapes, plus précisément. Histoire de s'assurer d'une véritable efficacité et de ménager aussi celui ou celle qui entreprend ce chantier colossal dans sa vie.
Son but : délester ses adeptes de leurs mauvaises habitudes, quelles qu'elles soient, pour laisser la place à de nouveaux horizons - pro comme perso. Parfait pour redonner un coup de boost à une motivation en berne ou enfin s'attaquer à un projet qui nous tenait à coeur - et dire adieu par la même occasion des manies qui nous dérangent. Voici comment tester le concept.
Le Kaizen aime les listes. Ça tombe bien, nous aussi. Installez-vous donc confortablement (c'est important, l'introspection est déjà assez douloureuse en soi), avec du temps devant vous pour mettre à plat tout ce qui compose votre vie, en prenant soin de classer chaque point par catégorie. Un peu vague ? Glamour UK, qui a décrypté le phénomène nippon à travers le livre Kaizen: The Japanese Method for Transforming Habits, One Small Step at a Time de Sarah Harvey, conseille ainsi de se poser des questions telles que : "Quelle est votre relation et votre attitude envers votre corps, votre santé mentale, votre alimentation, votre routine d'exercice (ou votre manque d'exercice), vos habitudes de sommeil, le tabagisme et l'alcool ? Vous sentez-vous épanoui dans votre vie professionnelle ? Que pensez-vous de votre environnement immédiat et des gens qui y vivent ? Êtes-vous bien dans votre peau, ou y a-t-il des choses que vous aimeriez changer ? Quels nouveaux défis pourriez-vous vous fixer ?". Et de noter les réponses dans des colonnes. De quoi rapidement être inspirée.
L'important pour ce palier reste de ne pas se concentrer uniquement sur des choses négatives, mais bien de poser sur le papier ce qui nous définit. C'est de cette manière que vous pourrez voir clairement ce qui vous comble, vous satisfait, vous embarrasse. Et ainsi passer à l'étape suivante, en choisissant ce qui mérite de disparaître, ou au contraire, de grandir.
Nous y voilà. Après le bilan, la prise de décision. Pas simple, mais cruciale. Avant de partir sur les nouvelles choses que vous souhaiteriez mettre en place, commencez d'abord par tacler les habitudes qui existent déjà - celles que vous aimeriez perdre ou améliorer. Sortez une nouvelle feuille de papier (ou retournez la première, ça suffira), et pour chaque catégorie de votre vie, soyez brutalement honnête et demandez-vous si cela vous rend heureuse, et si vous faites le maximum pour réaliser ce que vous voulez.
Pour ce qui est des domaines que vous voulez changer (votre relation à votre corps, au sport, votre stress professionnel ou la façon dont vous gérez votre productivité, par exemple), pensez à ce qui pourrait être fait pour améliorer votre situation. Là encore, voici quelques questions que l'on pourrait se poser et qui nous mèneraient sur la bonne voie : "Ai-je du succès dans ce domaine ? Comment pourrais-je faire mieux ou comment suis-je inefficace ? Qu'est-ce que cela donnerait si j'avais une situation bien meilleure ?". Faites le tri de ce qui est fondamentalement négatif, et de ce qui relève simplement d'un manque de confiance en soi.
Ensuite, place à la nouveauté. Evidemment, rien ne vous force à faire ce point gigantesque sur une journée. Il est même conseillé de poser votre stylo et d'y revenir à tête reposée. N'ayez pas peur du syndrome de la page blanche : une idée géniale vous viendra certainement sous la douche, en pleine interprétation de On ne change pas de Céline Dion. Et puis ces défis inédits peuvent aussi bien être des challenges minimes en apparence, mais à l'impact de taille sur notre moral et notre quotidien. Une conversation professionnelle à avoir, un cours du soir à prendre, s'investir dans une association ou simplement cuisiner davantage (comprendre : sortir moins).
Tout vient à point à qui sait attendre. Et ne pas agir dans la précipitation. Une fois que vous avez défini les différentes catégories de votre vie sur lesquelles vous souhaitez travailler, il est temps d'établir des priorités. Demandez-vous d'abord s'il y a des "victoires rapides" que vous pourriez remporter aisément - plutôt bénéfique pour le moral - et opérez point par point. Ou domaine après domaine. Cela vous évitera ainsi de vous submerger d'une charge mentale contre-productive, qui ne ferait que nuire à votre envie d'avancer. Notez la moindre chose qui pourrait vous faire atteindre un objectif donné (comprendre perdre une habitude, en améliorer une autre ou accomplir un nouveau défi).
Autre point important : accordez-vous des délais réalistes et réalisables. Ne vous donnez pas trois mois pour terminer votre roman, par exemple, mais fixez-vous plutôt une quantité de mots quotidiens - même minime. Si 200 mots par jour semblent insurmontables, passez à 100. Ainsi, vous progresserez réellement chaque semaine et éviterez de repousser le boulot jusqu'au dernier moment, frustrée de n'avoir accompli vos buts comme prévu.
A chaque victoire, sa médaille. Si réussir à venir à bout d'un objectif peut sembler assez gratifiant en soi, n'hésitez cependant pas à vous lancer des fleurs pour le chemin parcouru. Voire à vous les acheter, les fleurs. Payez-vous un soin, prenez une après-midi pour ne rien faire à part manger du chocolat devant une série, sortez au resto avec vos ami·es, bref : sachez aussi vous féliciter quand l'occasion se présente. On ne parle pas de sortir le grand jeu non plus, mais seulement de vous auto-encourager à poursuivre dans cette voie, et à prendre en compte les efforts que vous avez fournis ces derniers temps. Car c'est aussi ça, le Kaizen : reconnaître ce que l'on fait de bien pour soi, et s'en nourrir.