Keira Knightley brandit depuis plusieurs années haut et fort ses positions féministes. Qu'il s'agisse de la façon dont elle souhaite élever ses filles (en ne les noyant pas sous les stéréotypes véhiculés par certains contes de fées notamment), des tabous et des contraintes qui viennent avec l'allaitement, ou encore de la façon dont les pères se reposeraient trop sur les mères : elle n'épargne aucun sujet qui lui tient à coeur. Et c'est tant mieux.
Cette fois-ci, l'actrice britannique récemment à l'affiche de Misbehaviour, un film qui traite du mouvement de libération des femmes, de sexisme et de racisme, le tout sur fond du concours de Miss Monde dans une Angleterre des années 70, s'attaque aux scènes dénudées, monnaie courante au cinéma. Et plus précisément, au fait qu'elle ne souhaite plus en tourner, ses contrats comportant même désormais une clause de "non nudité".
"C'est en partie par vanité et aussi en raison du male gaze", confie-t-elle ainsi au micro de Chanel Connects, nouvelle série 3.55 , le podcast créé par la maison de couture dont elle est égérie. "Cela me gêne beaucoup maintenant d'essayer de le représenter." Le male gaze, c'est un concept théorisé par la réalisatrice britannique Laura Mulvey, qui définit précisément la façon dont de nombreuses oeuvres dépeignent une scène ou un personnage à travers un regard masculin.
Le male gaze peut s'illustrer par exemple dans la manière dont les protagonistes féminines sont cantonnées à des rôles passifs, lascifs, font oeuvre de faire-valoir, et sont réduites à leur physique. Mais aussi les séquences de sexe, peu réalistes et phallocentrées. Un terme qui témoigne aussi de la franche domination masculine dans le Septième art.
L'actrice de 35 ans, mère de deux petites filles, l'affirme d'ailleurs : elle ne veut plus "de ces scènes de sexe horribles, où tout le monde est huilé et pousse des grognements". Mais concède volontiers que certaines images d'amour sont nécessaires au récit.
"Cela étant, parfois je suis d'accord pour dire 'oui, je vois tout à fait pourquoi le sexe serait très bien dans ce film et il faut simplement quelqu'un de sexy'," ajoute-t-elle. "Mais dans ce cas vous pouvez faire appel à quelqu'un d'autre, car je suis trop vaniteuse et ce corps a eu deux enfants maintenant, donc je préfère ne pas me tenir nue devant un groupe d'hommes.'"
Elle insiste toutefois sur le fait que son refus ne concerne pas toutes les situations où l'apparence d'une femme est exposée. Elle serait ainsi partante "s'il s'agissait de raconter le parcours de la maternité, de l'acceptation de son corps", poursuit-elle encore. Cependant, elle exige une condition sine qua none : "Il faudrait que le réalisateur soit une femme".
"Raconter le parcours de la maternité", une volonté qui fait entre autres écho à ses précédentes confidences sur les difficultés de la vie de maman, et ne sont pas sans rappeler non plus ses critiques à l'encontre de Kate Middleton. Sept heures à peine après avoir accouché de son premier enfant, George, la duchesse de Cambridge était apparue devant l'hôpital, maquillée et souriante, provoquant quelques commentaires agacés de mères qui y ont vu une injonction à être belle et dissimuler ses souffrances en toute circonstance.
"Cache donc notre douleur, nos corps déchirés, nos poitrines tombantes, nos hormones en furie. Soit belle, bien habillée et surtout ne montre pas le champ de bataille qu'est devenu ton corps, Kate", écrivait notamment Keira Knightley dans un ouvrage de l'autrice et militante Scarlett Curtis, Feminist Don't Wear Pink and Other Lies. Des mots qui ne font que refléter les propos de la comédienne sur le sujet : sincères et nécessaires.