Dire que la mode est un éternel recommencement est un euphémisme. Mais là où certaines grandes maisons de luxe semblent s'essouffler, d'autres au contraire, ont décidé que le moment était venu de tout chambouler. C'est le cas de Vetements, une jeune griffe née en mars 2014 et qui n'aime tant rien que jouer les mystérieuses. Menée par Demna Gvasalia, trentenaire passé par l'Académie des beaux-arts d'Anvers et devenu depuis DA de Balenciaga, la jeune marque a su réconcilier luxe et culture de la rue, frippes et pièces stylisées. Derrière Vetements, on trouve sept créateurs, tous passés par la Maison Margiela, tous bien décidés à rester anonymes.
Et côté fringues, ça donne quoi ? Comme l'expliquait Le Monde en 2015, Vetements semble s'être spécialisé en "recyclage couture". Ainsi, la griffe est capable de détourner des vieux survêtements Reebok ou Juicy Couture, un sac à dos Eastpak ou un t-shirt DHL. "Certains créateurs font des voyages d'inspiration. Les nôtres consistent à prendre le métro entre Belleville et Barbès", confiait encore Demna Gvasalia au Monde. Outre son amour des sous-cultures, Vetements aime s'acoquiner avec d'autres maisons. Avec le célèbre chausseur Manolo Blahnik, la marque a mis au monde une paire de cuissardes XXL, immédiatement adoubées par Rihanna cela va sans dire. Et puis, il y a la collaboration avec Levi's. Ensemble, le roi du denim et le petit prince du luxe underground ont créé des pièces modernes, déstructurées et disons-le, parfois un peu dingues. C'est le cas du jean "high-rise distressed", dont la fermeture éclair frontale qui vient se terminer en haut des fesses fait beaucoup parler d'elle.
Issu de la collection printemps-été 2017, ce jean taille haute présente donc un zip qui permet d'aérer son postérieur en cas de besoin. Mais ce n'est pas tout puisque des fermetures éclair sont également présentes sur les jambes, à l'avant et à l'arrière du pantalon. Sur les réseaux sociaux, le jean est devenu prétexte à de nombreuses blagues - certaines mignonnes, d'autres lorgnant vers le scato - mais une chose est sûre, cela fait une sacrée publicité à Vetements. Sur le site de vente en ligne de luxe Net à Porter, le jean est quasiment en rupture de stock, alors même qu'il est vendu au prix de 1 450 euros.
En repoussant les codes de la vulgarité et en détournant avec éclat des pièces désuètes, Vetements a créé le luxe populaire, limite underground. Cela peut donner des pièces qui prêtent à rire (et il faut en rire, la mode est aussi là pour ça) mais la création artistique est bien là, et elle est ultra rafraîchissante.