Le pape François, qui fête aujourd’hui ses deux mois de pontificat et s'était jusque-là davantage illustré par son progressisme, a montré son côté conservateur dimanche lors d’une messe de canonisation au Vatican. Jorge Bergoglio, jusqu'à présent considéré comme « chaleureux » et « humain » par l’opinion libérale, ne s’était pas encore prononcé sur les sujets polémiques que sont l’avortement, la place des femmes dans l’Église, le divorce ou encore l’homosexualité.
À l’occasion de la prière finale du Regina Coeli, qui s'est tenue dimanche sur la place Saint-Pierre, il a lancé un appel aux gouvernements, les exhortant à défendre « une garantie juridique de l’embryon » et à « protéger tout être humain depuis le premier instant de son existence ». Défense de la vie et de la famille sont donc toujours d’actualité pour le souverain pontife. Il a également salué les 30 000 participants d’une grande marche pro-life à Rome, et confirmé le déroulement d’une rencontre sur la « sacralité de la vie » en juin, à l’issue de laquelle le pape argentin célébrera une messe.
Si le pape François ne s’est pas encore exprimé directement sur le mariage homosexuel, il a toutefois laissé les médias du Vatican féliciter ouvertement les anti-mariage gay. Il partage l’opinion de Benoît XVI sur la famille, qu’il envisage formée d'un couple hétérosexuel avec des enfants. Jorge Bergoglio était contre la légalisation du mariage gay lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires et en faveur des unions civiles : en Argentine, il avait désavoué les évêques qui s’opposaient à baptiser les enfants nés d’un couple non marié.
Montrant plus d’ouverture que son prédécesseur sur les femmes d’Église, il a reçu la semaine dernière les supérieures d’ordres féminins internationaux, contrairement à Benoît XVI. Ont été évoquées les religieuses américaines de la LCWR (Leadership Conference of Women Religious), qui contestent la suprématie masculine dans l’Église et appellent à plus de parité au Vatican. Elles préconisent des positions plus libérales sur l’avortement, la contraception et l’homosexualité. Jugées trop féministes et trop radicales par le Vatican, elles ont été rappelées à l’ordre par le pape, qui les a invités à retrouver le sentiment d’appartenance à l’Église, qui « trouve son expression filiale dans la fidélité au magistère, dans la communion avec les pasteurs et le successeur de Pierre, évêque de Rome ». Il a condamné une « dichotomie absurde », jugeant impossible de « penser vivre Jésus sans l’Église ». Jorge Bergoglio les a également invitées à devenir des « mères » à la « chasteté féconde », et non pas des « vieilles filles ». Chercherait-il à se faire épingler dans le machomètre de la semaine ?
Victoria Houssay
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