Alors que jusqu'à présent la femme enceinte n'avait droit, en tout et pour tout - sauf prescription spéciale - qu'à deux médicaments, à savoir de l'antispasmodique et du paracétamol (et éventuellement un anti-reflux gastrique) pour soulager les nombreux maux qui accompagnent bien souvent la grossesse, il se pourrait bien qu'elle ait à ôter le paracétamol de sa liste, pourtant bien pratique pour soulager la fièvre et les douleurs. En effet, une nouvelle recherche danoise publiée en mai dans la revue Reproduction montre que l'exposition au paracétamol dans l'utérus aurait des effets sur le comportement sexuel des garçons, une fois à l'âge adulte.
Les chercheurs ont mené des expériences sur des souris et ont constaté d'étranges réactions sur les habitudes sexuelles des mâles ayant été exposés à ce médicament dans le ventre de leur mère lorsqu'ils atteignaient l'âge adulte. Durant l'accouplement avec leurs femelles, ces derniers procédaient à un plus petit nombre de pénétrations et d'éjaculations que les mâles n'ayant pas été exposés au paracétamol in utero. De même, ces souris étaient moins sujettes à marquer leur territoire par l'urine et se montraient moins agressives avec les autres mâles.
"Ces données suggèrent que l'exposition prénatale au paracétamol peut affecter le comportement sexuel masculin une fois à l'âge adulte en perturbant la programmation neuro-comportementale sexuelle", déclarent les chercheurs danois. D'autant que cette étude fait suite à une autre publiée en août 2016 par JAMA Pediatrics, qui révélait que l'utilisation de paracétamol au cours de la grossesse pouvait engendrer des problèmes de comportement chez l'enfant. Examinant plus de 7 000 femmes, les chercheurs avaient ainsi constaté que les enfants dont les mères utilisaient du paracétamol durant leur 18e et leur 33e semaine de grossesse étaient plus susceptibles d'avoir des "problèmes de conduite et des symptômes d'hyperactivité".
Le paracétamol va-t-il être bientôt interdit (comme bon nombre de médicaments et d'aliments) ou tout du moins sévèrement déconseillé aux femmes enceintes ? Ce qui est sûr, c'est qu'il vaut mieux en limiter un maximum la prise... et se réconforter en se disant que ce n'est que pour quelques semaines/mois.