Si l’excision, cette pratique atroce qui consiste à mutiler les parties génitales des femmes, est connue en Occident, il n’en est pas de même du « repassage des seins ». Cette tradition africaine, qu’on retrouve au Cameroun, mais également au Nigeria, au Togo, en République de Guinée, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud, vise à freiner la puberté des adolescentes pour retarder les rapports sexuels en soustrayant le corps de la femme au regard des hommes. Pour ce faire, les femmes appliquent sur la poitrine naissante de leurs jeunes filles des pierres chaudes ou d’autres instruments chauffés pour empêcher la poussée mammaire grâce à la pression et la chaleur.
Ce supplice n’est pas sans conséquences graves. D’après Rue89, 32% des femmes se plaignent de fortes douleurs aux seins, et 17% souffrent de kystes et d’abcès à la poitrine. Devenues mères, une grande partie de ces femmes rencontrent des difficultés à allaiter, en raison d’un blocage psychologique consécutif à la torture qu’elles ont subie à l’adolescence.
Si cette tradition est méconnue, c'est parce qu'elle a généralement lieu dans l'intimité des familles. Peu en parlent à l'extérieur du cercle familial. Ainsi Chi Yvonne Leina, une journaliste camerounaise, raconte au journal The Independent comment elle a dissuadé sa mère de lui « repasser les seins » en la menaçant de crier pour ameuter les voisins.
Cette mutilation traditionnelle a déjà fait l’objet d’une campagne de sensibilisation. Le gouvernement camerounais s’est également mobilisé, en appelant les familles à mettre un terme à cette pratique traditionnelle censée protéger les jeunes filles. Comme le note Rue89, cette méthode contraceptive ancestrale sur les adolescentes est d’ailleurs est loin d’être efficace. En effet, près d’un tiers des jeunes Camerounaises se retrouvent mères avant l’âge de 16 ans.
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