Porter des talons et se maquiller pour aller au bureau, ou se laisser dépasser par ses émotions sur son lieu de travail : près d'une femme sur deux s'y refuse, selon une étude britannique relayée par The Telegraph. Réalisée par l'entreprise de télécommunications O2 et s'intéressant au lien entre le comportement qu'adoptent les femmes actives sur leur lieu de travail et leur réussite professionnelle, l'étude met en lumière une réalité édifiante : près de la moitié des 2 000 femmes interrogées ont admis se comporter « comme un mâle alpha » - un homme dominant – pour se faire respecter au travail et donc réussir à évoluer professionnellement. Comment ? Simplement en masquant ou en refrénant leurs habitudes « girly » et « assumer des caractéristiques traditionnellement "masculines" afin d'être couronnées de succès », indique l'étude.
25% des femmes interrogées ont ainsi admis privilégier les tailleurs aux robes et aux talons, ou porter peu de maquillage au travail pour dissiper l'idée qu'elles cherchent à être « jolies ».
Les femmes sont aussi enclines à modifier leur comportement au bureau pour être considérées comme plus « fortes » : deux femmes sur cinq ont dit avoir déjà quitté précipitamment leur bureau pour ne pas pleurer devant leurs collègues, tandis qu'une femme sur cinq pense que pour être respectée au travail, il faut agir de « manière impitoyable ». Enfin, une femme interrogée sur vingt dit copier le comportement de ses collègues masculins pour être mieux considérée professionnellement.
Pour Ann Pickering, directrice des ressources humaines de O2 au Royaume-Uni, ces résultats n'ont rien de surprenant : « Alors qu'aujourd'hui, les entreprises sont censées avoir parcouru un long chemin depuis les bureaux à la Mad Men, la réalité est que beaucoup de femmes modernes ressentent encore la pression de se conformer aux stéréotypes passés. »
D'ailleurs, le besoin que ressentent les femmes d'agir comme des hommes au bureau est symptomatique du manque évident de parité dans les entreprises britanniques. Toujours selon l'étude, une femme sur dix a indiqué que l'entreprise dans laquelle elle travaille ne compte aucune femme aux postes directionnels.
Pour Ann Pickering, « ces résultats devraient provoquer un sursaut des entreprises [britanniques], qui doivent s'assurer qu'elles ne passent pas à côté de la précieuse contribution que les femmes peuvent apporter à leur organisation grâce à un certain nombre de mesures simples, comme une meilleure flexibilité du travail, de meilleurs conseils ou une meilleure formation. Les entreprises doivent s'assurer qu'elles aident leurs employés à réussir selon leur potentiel, indépendamment du niveau de leur carrière ou de leur sexe biologique ».
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