Il n’y a pas qu’en France que le sel fait des ravages dans nos assiettes et dans nos artères, aux Etats-Unis aussi. Selon une étude publiée le 13 mai dans le Journal of the American Medical Association, la consommation excessive de ce condiment causerait la mort de 150 000 personnes chaque année aux États-Unis. L’étude, réalisée par le docteur Stephen Havas, professeur de médecine préventive à l’Université Northwestern dans l’Illinois, montre notamment que les Américains consomment en moyenne près de deux cuillères à café de sel par jour, tandis que la quantité recommandée par la Food and Drug Administration (FDA) ne serait que de 2 300 milligrammes par jour (1.500 pour les personnes souffrant d'hypertension). En raison de leur alimentation trop salée, environ 90% des Américains souffrent d’hypertension artérielle, qui accroît le risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral.
Dans la ligne de mire de l’étude du docteur Havas, l’industrie agroalimentaire, qui abuse du sel pour « dissimuler la saveur d’ingrédients que ne sont pas souvent de la meilleure qualité ». Ainsi, l’étude démontre que 80% de la consommation quotidienne de sel outre-Atlantique provient d’instruments industriels ou issus de la restauration rapide. « En outre, des aliments salés donnent soif et font boire davantage de soda et d’alcool, ce qui profite aussi à l’industrie », souligne le docteur Havas.
Si une réglementation de la teneur en chlorure de sodium des aliments industriels semble clairement nécessaire, l’étude menée par le docteur Havas montre les réticences de l’industrie agroalimentaire à intervenir, malgré les appels répétés du corps médical. « Cette recherche montre que l’industrie alimentaire est lente à réagir et met en place très peu de changements », explique le docteur Havas. « Ce problème ne sera pas résolu sans que le gouvernement fédéral n'intervienne pour protéger la santé publique. » Ainsi, de 2005 à 2011, la teneur en sel de 402 produits alimentaires issus de l’industrie a diminué d’environ 3,5%, tandis que 78 autres produits ont vu leur proportion en sel augmenter de 2,6%. La solution recommandée par l’étude ? Cuisiner soi-même les plats que l’on consomme et prendre la majorité de ses repas à la maison, afin de respecter les recommandations de consommation de sel. Ce que le docteur Havas juge, malheureusement, impossible. « La FDA doit donc réglementer l'industrie alimentaire comme le recommande l'Institut américain de médecine et d'autres ». « Si on réduisait de 20% par an la teneur en sel des aliments, personnes ne s’en rendrait compte », conclue-t-il.
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