Aujourd'hui, notre fil Twitter regorge de flagrants-délit de manspreading. Il faut dire qu'en plus d'être embêtante (pour ne pas dire vachement soûlante), cette propension des hommes à prendre toute la place sur leur siège de métro en écartant les jambes au max - et sans conférer la moindre importance à leur voisine - semble tristement banalisée. Cette position "virile" est aussi ridicule qu'irrespectueuse. Il faudrait en finir avec tout ça, pas vrai ?
Oui, mais comment ? Par une chaise anti-manspreading, nous rétorque la designeuse anglaise Laila Laurel - comprendre, qui oblige les hommes à plier les jambes. Pourquoi pas. Ou bien en prônant le "womanspreading", à savoir l'équivalent féminin de cet "étalage". La vengeance serait alors cinglante. C'est ce que propose en tout cas Barbara Bergin, chirurgienne orthopédiste américaine citée par le Washington Post. Mais pas (que) pour des raisons de lutte contre le patriarcat, en vérité. Car figurez-vous que le "womanspreading" est aussi une question de santé.
Et oui, les femmes devraient avoir le permis de "spreader". Pour une bonne raison. Et la chirurgienne orthopédiste nous l'apprend : le fait d'écarter ses jambes en position assise pourrait aider les femmes à éviter "certains problèmes de santé assez graves". Et tant pis si aux yeux du tout-venant, ce n'est pas une position très "féminine" - comprendre, droite, minimale, renfermée pour éviter les contacts non-opportuns, bref, une attitude pas très "virile" quoi. Car pour la docteure, les vertus du "womanspreading" sur la santé sont indéniables.
Effectivement, le fait d'étendre ses jambes serait vraiment "très sain" sur la durée, ne serait-ce que pour la circulation sanguine, contrairement à la fameuse position assise-jambes croisées, pas très bénéfique pour l'organisme. Étendre ses jambes permettrait à l'inverse d'éviter les douleurs aux genoux, aux cuisses et aux hanches, assure l'érudite. Comme l'énonce cette dernière du côté du Daily Mail, lorsque les femmes serrent les genoux, elles tordent leur fémur et exercent une pression considérable sur leurs articulations, ce qui engendre une contraction potentiellement néfaste des ligaments.
Que recommande alors la chirurgienne aux femmes ? "D'adopter des positions d'assise classiquement masculines". Et toc ! Comment expliquer alors que ces petits conseils de médecin soient si peu relayées ? La réponse se trouve certainement du côté de nos bienséances sociales. Si le womanspreading est aussi rare, c'est parce qu'il est contraire "aux attentes de la société en ce qui concerne une posture dite féminine". Sous la question de santé se pointe donc l'enjeu sociologique.
C'est pour cela, insiste le New York Post, que le "womanspreading" est aussi une forme de "puissance". "La pose est conçue pour donner plus de pouvoir aux femmes", nous dit-on, aux antipodes des classiques postures "fermées" et socialement acceptables. Évoquée par les mecs, elle devient un argument en toc de "mascu", bien décidé à dénoncer le "matriarcat" en faisant croire à ses followers que les femmes qui "s'étalent" sont légion (on rigole). Mais réapproprié par les principales concernées, le womanspreading ferait autant de bien aux femmes qu'à leurs corps.