C’est la dernière ligne droite pour le gouvernement. Suite à l’adoption du texte sur le mariage gay au Sénat, le projet de loi devrait être définitivement adopté le 23 avril prochain. Les derniers jours de débats sont sous tension dans l’Hémicycle, où la majorité tente de rester stoïque tandis que l’opposition joue ses dernières cartes. Jeudi soir, les députés ont même failli en venir aux mains. C’est ce que raconte un journaliste de Rue 89, qui a assisté à une scène surréaliste dans l’Hémicycle aux alentours de minuit et demi. Excédés par une mimique d’un collaborateur de Christiane Taubira réagissant au récit que faisait l’UMP Marc Le Fur des affrontements injustifiés selon lui entre manifestants anti-mariage gay et CRS, des élus UMP se sont précipités sur les bancs de la majorité. « Hervé Mariton le désigne du doigt. Plusieurs de ses collègues UMP l’imitent. Quelques-uns bondissent, Yves Albarello, Philippe Meunier et Daniel Fasquelle en tête. Les huissiers s’interposent en masse pour protéger le fonctionnaire. Attroupement général. Ça se bouscule, ça vocifère de toutes parts », relate Rue 89. En cause ? La moue du fonctionnaire de la Justice. « Il n’a pas cessé de ricaner », selon la droite. Il aurait juste « soupiré » d’après la gauche. La députée PS Fanélie Carrey-Conte parle même sur son compte Twitter d’un « incident de séance fabriqué de toutes pièces par l'UMP ». Résultat : interruption de séance durant 45 minutes. Lors de la reprise de la séance à 1h20, Claude Bartolone sermonne les députés : « Nous ne sommes pas des collégiens qui avons des difficultés avec un regard de travers ! ».
Jeudi, c’était l’UMP Philippe Cochet qui créait l’émoi en accusant la majorité d'être « en train d'assassiner des enfants » avec le mariage gay. « Moi je vous accuse mesdames et messieurs de la gauche : Vous êtes en train de créer un précédent, vous êtes en train d’assassiner des enfants, c’est scandaleux ! », lançait-il à l’Assemblée. Des propos qui ont immédiatement provoqué la colère de la majorité mais qui ont également été suivis d’un désaveu public de certains élus UMP. Najat Vallaud-Belkacem a quant à elle parlé de « dérapage » et a condamné les propos de M. Cochet sur son compte Twitter :
Les propos du député P. Cochet devant la représentation nationale sont inacceptables. L’opposition a franchi toutes les limites.
— Najat Belkacem (@najatvb) 18 avril 2013
La veille, c’était l’élue d’extrême droite Marion Maréchal-Le Pen qui n’hésitait pas à émettre des comparaisons hasardeuses, dénonçant les méthodes et la « propagande antifasciste » du gouvernement. « Votre gouvernement a utilisé les méthodes les plus contestables, pour ne pas dire inquiétantes, pour minimiser et briser la vaste mobilisation populaire contre le mariage et l’adoption homosexuels : publication de chiffres falsifiés, propagande antifasciste, répression lors des manifestations, et prisonniers politiques… Je pèse mes mots. », lançait-elle à la tribune, soulevant les exclamations de réprobation de la majorité. Et de continuer en assurant que des « policiers en civil » avaient « ordre de provoquer des bagarres » lors des manifestations, afin de créer des « dérapages ». Les réactions ne se sont pas fait attendre sur Twitter, où certains élus socialistes ont raillé les propos de la jeune députée :
Maréchal Le Pen accuse très sérieusement le gouvernement de "propagande anti - fachiste", no comment ... #directAN
— Fanélie Carrey-Conte (@FCarreyConte) 17 avril 2013
Mariage pour tous : la radicalisation touche-t-elle les députés ?