C'est sans doute l'image de Marilyn Monroe qui vient en tête en premier quand on la mentionne. La star vêtue d'une robe immaculée, dansant sur une bouche d'égout, le vent s'engouffrant sous son jupon pour le faire décoller. La scène est issue du film Sept ans de réflexion, classique signé Billy Wilder. A Palm Springs, en hommage à l'actrice américaine comme au long-métrage, une statue de près de 8 mètres la représentant dans cette position a été érigée de 2012 à 2014, devant le Palm Springs Art Museum.
Marilyn Monroe y était dépeinte souriante, les mains tentant de bloquer le tissu qui s'envole. La coutume, pour les passant·e·s, était devenue la suivante : s'arrêter entre ses jambes légèrement écartées pour se faire tirer le portrait. Aujourd'hui, alors que l'oeuvre de fer et d'aluminium, intitulée Forever Marilyn, est sur le point de faire son retour, et ce de façon permanente, des voix s'élèvent.
Certaines ciblent l'emplacement, jugé peu pratique. D'autres, le message sexiste que la structure véhiculerait, et ce que pourrait impliquer le fait d'exposer la femme ainsi pour la sécurité des citadines.
"Il faut penser aux enfants qui sortiront de notre musée : la première chose qu'ils verront, ce sera les dessous et la culotte de cette énorme sculpture de Marilyn, ce serait très offensant", argumentait notamment Louis Grachos, le directeur du musée, lors d'un conseil municipal tenu en novembre dernier sur la localisation exacte de Forever Marilyn (ses fesses feront face à l'entrée), rapporte le NPR.
Sa prédécesseuse Elizabeth Armstrong, l'affirme quant à elle sans détour au média américain : l'oeuvre est "ouvertement sexiste" et inciterait même les visiteurs à l'upskirting (terme qui désigne le fait de prendre une photo sous les jupes des filles et des femmes) tant l'acte sera banalisé sous la représentation géante. En France, il s'agit d'un délit passible de deux ans de prison et de 30 000 euros d'amende.
Pour tenter de dissuader la ville de l'installer durablement, l'ex-directrice a lancé une pétition, dans laquelle elle détaille : "Marilyn Monroe est une icône adorée par des millions de personnes dans le monde. Son existence a été courte et difficile. Victime d'un viol à l'âge de 11 ans, Norma Jean Baker a subi des agressions sexuelles tout au long de sa vie."
Elle poursuit : "Dans les années 1950, elle s'est courageusement exprimée sur [les actes] qu'elle a subis aux mains des directeurs de studios et d'autres personnes qu'elle appelait 'loups'. Elle a averti les futures actrices de se méfier d'eux. Le fait de placer une statue hyper-sexualisée et misogyne de Marilyn à l'entrée de l'élégant musée d'art de Palm Springs envoie un message à la communauté, à ses visiteurs (en particulier les jeunes enfants innocents) et aux touristes, selon lequel cela représente en quelque sorte 'la vraie Marilyn', une Marilyn qu'elle aurait été fière de voir célébrée." Pourtant, "ce n'est pas le cas", assure Elizabeth Armstrong. "En réalité, c'est tout le contraire."
Des mots qui ont recueilli déjà plus de 40 000 signatures, n'en déplaise à Aftab Dada, directeur du groupe touristique PS Resorts (qui a acheté la statue pour 1 million de dollars et oeuvré pour son retour dans le désert californien). Lui, garantit que sa venue sera un atout pour l'essor de la ville : "Les photos prises et diffusées dans le monde entier ne feront que profiter à Palm Springs". Et c'est précisément le problème que soulève l'ancienne responsable.
L'homme a toutefois promis une "étude de recherche indépendante" pour évaluer les bénéfices pour la municipalité comme le musée. A suivre.